Liban/gouvernement: retour à la case départ, Hariri et Aoun à couteaux tirés
Dépréciation de la livre libanaise, explosion de la pauvreté et du chômage: tous les indicateurs ont viré au rouge vif dans un Liban où l'érosion du pouvoir d'achat et la précarisation ne cessent d'alimenter la colère de la population, avec des manifestations et des blocages sporadiques de routes.
Sous le regard affligé de la communauté internationale, la classe politique, accusée de corruption et d'avoir laissé couler le pays, semble toujours imperméable à l'urgence et déconnectée de la réalité, poussant le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian à réclamer des "leviers" à l'Union européenne afin de "faire pression" sur les responsables libanais.
La réunion lundi entre M. Hariri et M. Aoun a également viré aux accusations acerbes et publiques entre les deux hommes, faisant craindre une impasse totale. Aucune nouvelle date de réunion n'a été annoncée.
Dans une allocution télévisée enflammée depuis le palais présidentiel, M. Hariri a ainsi violemment pris à parti M. Aoun à l'issue d'une brève rencontre avec lui, lui reprochant d'entraver la formation du gouvernement en insistant sur une "minorité de blocage" au sein de la prochaine équipe ministérielle et en cherchant à imposer une répartition "confessionnelle et partisane" des portefeuilles.
"Le travail du Premier ministre désigné n'est pas de remplir des papiers (...) et ce n'est pas au président de la République de former un gouvernement", a lancé frontalement M. Hariri lors d'une conférence de presse.
Le qualifiant d'"unique et dernière chance pour le pays", il a réitéré son attachement à un gouvernement de technocrates, réclamé à l'international "chargé de lancer des réformes et de stopper l'effondrement" et de débloquer une aide étrangère substantielle.