Publié par CEMO Centre - Paris
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Daech travaille toujours à renforcer ses branches en Somalie

samedi 20/mars/2021 - 08:19
La Reference
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CF2R : 

Daech a menacé à plusieurs reprises les Shebab somaliens de mener des représailles suite aux actions qu’a conduit ce mouvement affilié à Al-Qaïda « canal historique » contre ses militants. Il est vrai que les Shebab ont entrepris une chasse impitoyable contre ceux qui envisageaient de changer de camp, n’hésitant pas à les assassiner au même titre que les (supposés) « espions étrangers ».

Depuis la fin 2014, les Shebab ont été échaudés par la défection de militants qui ont prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi. En effet, afin de s’étendre hors de son berceau syro-irakien, Daech a toujours procédé de la même manière en dévoyant des activistes locaux qui appartenaient auparavant aux différentes franchises d’Al-Qaïda « canal historique ». Il convient de souligner qu’il y a eu très peu de mouvements de djihadistes venant du front syro-irakien vers d’autres régions. C’est plutôt dans l’autre sens que les transferts se sont produits, jusqu’à ce que la Turquie ferme sa frontière avec la Syrie en 2016-2017.

Le cheikh Ahmad Omar – alias Abou Ubaidah ou Ahmed Direye -, qui a succédé en septembre 2014 comme émir des Shebab à Moktar Ali Zubeyr – alias Ahmed Abdi Godane -, tué par une frappe aérienne américaine, a confirmé l’allégeance du mouvement à Ayman al-Zawahiri et à s’opposer à l’implantation de Daech dans la région. Cependant, selon le Long War Journal, depuis avril 2016, l’organisation « État islamique » a réussi à mener une centaine d’opérations terroristes en Somalie, tout en maintenant la liaison avec la direction centrale du mouvement toujours implantée sur le théâtre syro-irakien.

La principale faction de Daech active en Somalie – et la plus connue – est celle dirigée par Abdul Qadir Mumin, un ancien responsable des Shebab, qui a changé de bord le 22 octobre 2015 en fondant l’« État islamique de Somalie » (Abnaa ul-Califa). Il dirigeait déjà quelques 300 djihadistes des Shebab dans la région du Puntland, au nord-est de la Somalie. Toutefois, la majorité du groupe a préféré ne pas le suivre dans sa démarche, le laissant seul avec une centaine de fidèles. Depuis, Abdul Qadir Mumin s’est tellement fait remarquer par ses déclarations guerrières, qu’il s’est retrouvé inscrit sur la liste des terroristes internationaux du département d’État américain en août 2016.

D’autres groupuscules indépendants se revendiquant de Daech sont également présents plus au sud, imbriqués avec les Shebab. Mais il ne semble pas qu’il y ait actuellement une connexion directe entre Abdul Qadir Mumin et ces autres formations.

Étant donnée la volatilité de la situation locale, Abou Bakr al-Baghdadi s’est toujours gardé de proclamer la Somalie comme une des « provinces » extérieures[1] du mouvement, même si ce terme apparaît parfois dans des documents de propagande de Daech. Bien que le groupe mené par Mumin ne compte toujours qu’une centaine de combattants, il serait soutenu matériellement par la wilaya yéménite de « l’Etat islamique » et financièrement par quelques hommes d’affaire véreux locaux, plus ou moins liés aux célèbres pirates somaliens.

  

Même si Daech a connu d’importants revers sur le front syro-irakien, perdant en particulier son « proto-État », l’organistion tente de renforcer ses branches extérieures. Mais partout, elle se heurte à la « maison-mère », Al-Qaïda « canal historique » qui ne pardonne pas la trahison d’Al-Baghdadi. Il n’en reste pas moins que ce mouvement salafiste-djihadiste est toujours redoutable, appelant via les réseaux sociaux ses adeptes à passer à l’action là où ils se trouvent[2], même – ainsi qu’on peut l’observer depuis deux ans sur le terrain –  s’ils n’ont aucun lien direct avec l’organisation.

La dangerosité de Daech ne doit pas faire oublier celle d’Al-Qaïda « canal historique » qui est aussi en train de renforcer ses mouvements franchisés parmi lesquels les Shehab. Ces derniers, même s’ils ne tiennent plus de grandes villes, sont quasiment libres de leurs mouvements en Somalie et sont capables de déclencher des opérations terroristes jusque dans la capitale, Mogadiscio et dans les pays voisins.


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