Après ses succès militaires, la Russie craint l’enlisement en Syrie
C’est une guerre invisible, disparue des écrans après les
avoir saturés. Impopulaire, aussi. Les « trophées »
ramenés de Syrie,
circulant à travers la Russie, en 2019, n’ont pas suscité l’enthousiasme
escompté. Cette exposition organisée par le ministère de la défense a déclenché
un flot de critiques sur les réseaux sociaux, qui ont dénoncé le coût de cette
opération de propagande et son mauvais goût. Depuis, les annonces
triomphales ont cessé, tout comme les vidéos de frappes aériennes, les concerts
dans les ruines de Palmyre ou les reportages sur l’aide apportée aux
populations syriennes…
Malgré les multiples annonces du président
Vladimir Poutine – la première remontant à mars 2016, soit moins de six
mois après le début de son intervention armée –, le contingent russe en Syrie
(autour de 3 000 hommes aujourd’hui, sans compter les mercenaires de la
société Wagner) n’est pas près de rentrer au pays. Et il achèvera sa mission en
toute discrétion, s’il l’achève un jour. Car après les victoires militaires,
commence à poindre la crainte de l’enlisement.
Les difficultés actuelles n’enlèvent rien aux
succès initiaux. L’arrivée dans le ciel syrien, en 2015, des MIG et Sukhoï
russes a changé la donne au sol. Résultat d’une stratégie délibérée de
bombardements intensifs, leurs opérations ont terrassé les rebelles – englobés
sous le qualificatif de « terroristes » quelle que soit leur
affiliation politique – , rendant au régime Assad le contrôle sur le corridor
stratégique de la « Syrie utile », le long de l’axe Deraa-Damas-Alep.
Elles ont également fait 6 862 victimes civiles, selon le dernier décompte, en
mars, du Syrian
Network for Human Rights (SNHR).