La reconstruction libyenne au cœur de la visite du président Kaïs Saïed
Le
président tunisien Kaïs Saïed a entamé, ce mercredi 17 mars, une visite
d'État dans la Libye voisine, soit deux
jours seulement après la prestation de serment du nouvel exécutif libyen. Cette
visite express, d'une seule journée, est hautement symbolique et politique,
car, comme l'indique un communiqué de la présidence, elle s'inscrit dans
« le soutien de la Tunisie au
processus démocratique en Libye ».
Une visite politique
Le
président tunisien, qui n'a effectué qu'une poignée de déplacements officiels
depuis son élection en octobre 2019, a annoncé sa visite dès le lendemain
de l'investiture du nouveau gouvernement, signe de l'importance accordée à ce
voisin et partenaire majeur. La dernière visite d'un chef d'État tunisien en
Libye – en l'occurrence le président d'alors Moncef
Marzouki – remontait à 2012, un an après la révolte qui a
provoqué la chute du régime de Mouammar
Kadhafi, suivie d'une longue période d'instabilité et de
divisions.
Pendant
cette période, le président tunisien Béji
Caïd Essebsi (2014-2019) avait ainsi rencontré à Tunis plusieurs
dirigeants libyens de haut rang, dont le Premier ministre d'alors, Fayez
el-Sarraj, et son rival de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar. Tunis a toujours
professé une prudente neutralité face aux protagonistes du conflit libyen. Mais
le regain de violences a exacerbé l'an passé les tensions entre les dirigeants
tunisiens, qui ont présenté un front désuni sur le sujet.
Aujourd'hui,
la mise en place du gouvernement libyen représente un nouvel espoir et surtout
un gage de stabilité pour la Tunisie qui partage près de 500 kilomètres de
frontières avec ce voisin turbulent.
Une reprise vitale des échanges
entre les deux pays
Le
président Saïed a été accueilli à l'aéroport de la capitale Tripoli (Ouest) par
le président du Conseil présidentiel Mohamed al-Menfi. Le programme officiel
prévoit des entretiens avec Al-Menfi ainsi qu'avec le Premier ministre
intérimaire Abdelhamid Dbeibah, qui ont officiellement pris leurs fonctions
lundi après avoir prêté serment. Le nouveau gouvernement s'est installé mardi à
Tripoli. Il est chargé d'unifier les institutions en vue d'élections prévues en
décembre. Cet exécutif est né d'un processus onusien lancé en novembre à Tunis et
mis sur orbite en février à Genève, avant d'obtenir le 10 mars un vote de
confiance « historique » du Parlement.