En Jordanie, les réfugiés syriens craignent de ne jamais pouvoir rentrer chez eux
Dix ans après le début de la révolution,
les 1,3 million de réfugiés syriens qui vivent en Jordanie ne sont
pas prêts à rentrer chez eux. La situation est toujours confuse en Syrie
et la majorité d'entre eux préfèrent rester dans un pays où les conditions
de vie sont meilleures.À la frontière jordano-syrienne,
Zaatari est le plus grand camp de réfugiés syriens au monde : 80 000 personnes s'y
entassent. Certains ont tout de même pu quitter le camp pour s'installer
juste à côté, comme Mohamed, qui a trouvé du travail dans un restaurant.
"Ceux qui rentrent en Syrie, ce sont les plus âgés, car les jeunes risquent d’être incorporés
dans l'armée pour le service militaire. Le retour est difficile et très cher,
il faut payer à l'ambassade puis payer encore 100 dollars par
adulte et par personne au poste-frontière de Jaber",
explique-t-il.
"Personne ne peut oublier les
martyrs"
À Amman, la capitale jordanienne, d'autres réfugiés
syriens continuent de soigner leurs blessures. Aiham et son ami ont
rendez-vous chez le médecin. Paraplégique, ce jeune Syrien a perdu l'usage
de ses jambes. Il ne pourra plus jamais remarcher. "Pour disperser la
manifestation, l'armée nous a tiré dessus à balles réelles. À l'époque,
les blessés étaient soit achevés, soit emprisonnés", raconte-t-il.
Aiham se dit toujours recherché par le régime. Il ne peut
pas rentrer chez lui à Deraa : "Personne ne peut oublier le bain de sang,
personne ne peut oublier les martyrs. Le monde entier a pu voir les
crimes, l’exode des Syriens et la destruction."
À Amman, le quartier de Zouhour accueille les gueules
cassées de la guerre. Ceux qui ont pu sortir du camp se sont installés
ici. Quelque 1,3 million de Syriens vivent en Jordanie. Beaucoup
craignent de ne jamais pouvoir rentrer chez eux.