Covid-19 : le désarroi des Israéliens bloqués en France
Depuis le 24 janvier, les vols entre
Paris et Tel Aviv sont suspendus dans le cadre de mesures sanitaires
visant à limiter la propagation de variants du Covid-19. Plusieurs centaines de
ressortissants israéliens se sont retrouvés bloqués en France. Ils se mobilisent
depuis sur les réseaux sociaux pour tenter d'alerter les
autorités sur leur cas.
"Cela fait deux mois
que je suis bloquée à Paris loin de ma famille", "Nous voudrions
rentrer chez nous", "Une fois de plus mon vol est annulé",
"Il est lamentable d’abandonner les ressortissants israéliens". Sur les réseaux
sociaux, ils sont de plus en plus nombreux à faire part de leurs exaspérations.
Depuis le 24 janvier et la fermeture
de l’aéroport de Tel Aviv pour enrayer l’épidémie de Covid-19, plusieurs centaines d'Israéliens se sont
retrouvés bloqués en France.
Deux groupes Whatsapp ont
été créés pour réunir leurs demandes et leur permettre d’obtenir des conseils.
"Nous sommes environ 500 personnes", explique Éric Haouzi qui gère
l’une de ces discussions. Le 24 janvier, ce chef d’entreprise franco-israélien
se trouvait en plein vol vers Paris lorsqu’il a appris que l’aéroport de Tel
Aviv allait suspendre ses liaisons : "Nous devions rester en France
seulement quelques jours car ma fille devait voir un docteur. Quand nous sommes
arrivés, cela a été un gros stress. Notre vol retour était annulé. Nous étions
pris en otage. Nous ne pouvions pas nous retourner".
"Des couples pètent
les plombs"
Éric Haouzi se retrouve
rapidement à la tête du groupe WhatsApp. Chaque jour, ce sont des centaines de
messages qui sont échangés. "Il y a plusieurs sortes de situation. Nous
avons des personnes âgées qui sont venues en France pour des soins médicaux ou
pour renouveler leur traitement", décrit-il. "Il y en a d’autres qui
se retrouvent à court d’argent car ils n’étaient venus dans l’Hexagone que pour
quelques jours. Ils se retrouvent à devoir payer l’hôtel ou des Air BnB. Nous
avons aussi le cas de familles qui sont partagées en deux. L’un des parents en
France et l’autre en Israël. Des couples pètent les plombs".
Le chef d’entreprise essaye
de leur prodiguer des conseils. Le seul vol européen pour Tel Aviv se fait
depuis Francfort. "Mais cela coûte cher. Les gens n’ont pas été remboursés
de leur billet initial et ils doivent racheter un billet de train pour
Francfort en plus du vol vers Israël", souligne Éric Haouzi. "Il y a
même des personnes qui refusent de mettre un pied en Allemagne pour des raisons
historiques. Ils en font une question
de principe".
Comme le détaille le site internet de
The Times of Israël, pour pouvoir voyager vers l'État hébreu par
Francfort, il faut également remplir un formulaire, joindre des preuves sur la
nécessité de voyager, prévoir un test PCR réalisé jusqu’à 72 h avant le voyage,
obtenir une attestation de déplacement entre pays européens, une attestation
pour sortir du territoire européen ainsi qu’une déclaration d’entrée en Israël
à remplir dans les 24 h avant le voyage. À l’arrivée, une quarantaine est
obligatoire dans un hôtel-corona, subventionné par l'État, ou bien chez soi si
l’on dispose d’une exemption.
Malgré le
coût de ces nombreuses démarches administratives, Éric Haouzi a fini
par opter pour cette solution : "On avait l’espoir que les vols Paris-Tel
Avi reprennent, mais on s’est rendu compte que cela n’arriverait pas".
Un retour pour les
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Le problème se pose aussi
dans l’autre sens. De nombreux franco-israéliens se plaignent de ne pouvoir se
rendre en France alors qu’ils sont déjà vaccinés. "Je pensais qu’en ayant
le passeport vert vaccinal, je pourrais aller voir ma mère que je n’ai pas
vu depuis plus d’un an", regrette Marie-Lyne Smadja, une universitaire
vivant à Ramat Gan. "Mais là nous sommes bloqués car il n’y a pas de
vol". À l’approche des fêtes de Pâques, les familles risquent de ne pas
pouvoir se rassembler. "Mon fils avait pris des billets pour le dernier
week-end de mars, mais ils viennent d’être annulés", raconte Yael
Ansellem, une Niçoise, dont le fils réside à Tel Aviv. "S’ils annulent
déjà, c’est qu’ils ont des directives", ajoute-t-elle.