Cannabis thérapeutique : « Il est temps que la France aille de l’avant »
Alors que vingt et un pays de l’Union
européenne ont déjà largement avancé – et souvent légiféré – dans le sens de la
légalisation du cannabis thérapeutique, notre retard en la matière représente
un double non-sens : sanitaire et économique, estime dans une tribune au
« Monde » Eric Correia, élu local et infirmier anesthésiste.
Tribune. A l’heure où la mission
d’information sur le cannabis rend ses conclusions et où plusieurs députés de
sensibilités politiques différentes s’unissent pour démystifier une plante
injustement diabolisée, je veux alerter sur la lenteur des décisions pour notre
nation.
Alors que vingt et un pays de l’Union
européenne ont déjà largement avancé – et souvent légiféré dans le sens de la
légalisation du cannabis thérapeutique – sur ce débat de société qui est tout
autant économique que sanitaire et humain, il est temps que la France aille de
l’avant. Je le dis en tant qu’élu local et qu’infirmier
anesthésiste-réanimateur. C’est un combat qui me tient à cœur depuis plus de
quatre ans.
Bien des lignes ont bougé depuis que j’ai
proposé au président de la République d’inscrire dans le Plan particulier pour la Creuse la production et la transformation du cannabis à usage thérapeutique
ainsi que la création puis l’autorisation d’une filière sur le département.
Interdiction
contraire au droit européen
C’est sur ce combat que j’ai été rejoint très
tôt par Jean-Baptiste Moreau, député LRM de la Creuse, et par de nombreuses
personnalités politiques ou de nombreux professionnels de santé qui partagent
notre sentiment d’urgence. Mes courriers au président de la République, au
premier ministre, à deux ministres de la santé, sont cependant restés sans
réponse.
Pourtant, désormais même la Cour de justice
de l’Union européenne, dans un arrêt de novembre 2020, nous donne raison
et juge contraire au droit européen l’interdiction faite par la France de la commercialisation
du cannabidiol (CBD) sur son sol, preuve que les choses avancent encore à pas
comptés. Si la décision porte exclusivement sur le CBD dit « de
consommation courante », elle renforce son intérêt pour pallier les
douleurs et accompagner les malades. Surtout, la pandémie due au coronavirus
montre partout que le combat sanitaire est crucial, incessant, affaire de
volontarisme et d’engagement.