Nucléaire: L'Iran doit coopérer avec l'AIEA, disent Paris, Berlin et Londres
Les trois signataires européens ("E3") de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien déplorent la décision de Téhéran de suspendre le protocole additionnel et les mesures de transparence prévues par le Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais).
L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, a déclaré lundi que l'Iran pourrait produire de l'uranium enrichi à 60% si cela lui était nécessaire et que le pays ne céderait jamais face à la pression des Etats-Unis sur son programme nucléaire.
Dans le communiqué, les ministres des Affaires étrangères de l'E3 disent regretter "vivement que l'Iran ait cessé, à partir de ce jour, d'appliquer le protocole additionnel et les mesures de transparence" prévues par l'accord.
"Ces mesures prises par l'Iran constituent une nouvelle violation de ses engagements en vertu du PAGC et viennent réduire de manière significative le contrôle exercé par l'AIEA au moyen des garanties", ajoutent-ils.
"Nous exhortons l'Iran à stopper et revenir sur toutes les mesures réduisant la transparence et à veiller à coopérer pleinement et en temps utile avec l'AIEA."
Paris, Berlin et Londres disent par ailleurs "prendre note" de l'annonce dimanche d'un "arrangement bilatéral temporaire" entre Téhéran et l'AIEA qui préserve la possibilité pour l'agence onusienne d'accéder à certaines informations, sur une période allant jusqu'à trois mois.
Le directeur de l'AIEA a décrit mardi cet accord, dont les détails sont confidentiels, comme un système de "boîte noire" dans le cadre duquel les données, même celles sur les activités les plus sensibles de l'Iran comme l'enrichissement d'uranium, sont collectées afin que l'AIEA puisse y avoir accès a posteriori.
"C'est un système qui nous permet de continuer à surveiller et enregistrer toutes les activités principales qui ont lieu durant cette période, afin qu'à la fin de celle-ci, nous pussions récupérer toutes ces informations", a déclaré Rafael Grossi.
"En d'autres termes, nous saurons exactement ce qui s'est passé, combien de composants sont fabriqués, combien de matériaux sont traités ou enrichis et ainsi de suite", a-t-il ajouté lors d'un événement organisé par le think-tank américain Nuclear Threat Initiative.
Disant espérer que le PAGC puisse être sauvé, le directeur de l'AIEA n'a pas exclu l'hypothèse que l'Iran détruise les données à la fin de la période prévue par cet arrangement si c'est le souhait de Téhéran en l'absence d'accord.
Il a toutefois souligné que l'arrangement permettait d'éviter une situation irréversible.