Classés comme terroristes, les rebelles hourdis restent alignés sur l'Iran
Classés, le mois dernier, « groupe terroriste » par les États-Unis, les rebelles houthis au Yémen s’en sont pris au gouvernement sortant de Donald Trump, dont la décision fait craindre aux organisations internationales une aggravation de la crise humanitaire dans le pays en guerre, rapporte le site Le Devoir.
Les Houthis sont appuyés politiquement par l’Iran, ennemi des États-Unis et rival régional de l’Arabie saoudite. Riyad, allié de Washington, intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d’une coalition militaire en soutien au gouvernement.
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait annoncé, à dix jours de la fin du mandat de M. Trump, que les Houthis allaient être inscrits sur la liste des groupes « terroristes » ainsi que trois de leurs chefs, dont leur dirigeant Abdel Malek al-Houthi.
« Nous condamnons cet acte et nous nous réservons le droit d’y répondre », a tweeté Mohamed Ali al-Houthi, un responsable rebelle. « Le peuple yéménite n’a que faire de toute désignation du gouvernement Trump du moment qu’elle est complice dans le meurtre de Yéménites. »
Le gouvernement yéménite a salué une décision que les rebelles « méritaient […] en raison de leurs efforts permanents pour prolonger le conflit et causer la pire crise humanitaire au monde ».
Le royaume saoudien s’est félicité d’une décision allant « dans le sens des appels du gouvernement yéménite légitime à mettre fin aux activités » des rebelles.
Des organisations internationales redoutaient que M. Trump ne cherchait à frapper un grand coup diplomatique contre l’Iran avant l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, qui souhaite renouer le dialogue avec Téhéran.
L’ONU estime que la décision américaine « est susceptible d’avoir de graves répercussions humanitaires et politiques », selon Stéphane Dujarric, son porte-parole.
« Nous craignons que la désignation ait un impact négatif sur les importations de denrées alimentaires et d’autres produits essentiels au moment même où davantage de Yéménites meurent de faim », a-t-il dit.
Dans une déclaration à la virulence rare à l’égard des États-Unis, il a aussi affirmé la peur de l’ONU d’un « effet préjudiciable sur les efforts visant à reprendre le processus politique au Yémen et polariser encore plus les positions des parties au conflit ».
« Dissuasion »
L’Iran avait condamné la décision américaine, jugeant que la liste noire était « un processus qui a perdu sa crédibilité ».
Le Hezbollah chiite libanais l’a également « condamnée fermement », la qualifiant de « criminelle » et estimant qu’elle visait à « punir quiconque rejette l’hégémonie américaine sur la région ».
M. Pompeo a expliqué qu’il avertirait le Congrès de cette décision. Quelques heures plus tard, des élus américains ont appelé Joe Biden à révoquer la sanction.
À moins que le Congrès ne les bloque, les sanctions anti-Houthis doivent entrer en vigueur le 19 janvier, soit la veille de l’entrée en fonction du démocrate.
Le sénateur démocrate Chris Murphy a dénoncé « une condamnation à mort pour des milliers de Yéménites », une décision qui « va entraver l’aide humanitaire, rendre des pourparlers de paix quasiment impossibles et renforcer l’Iran ».
Un appel similaire est venu du sénateur républicain Todd Young qui a, comme de nombreux élus américains, exhorté M. Pompeo à ne pas passer à l’acte alors que le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, où 80 % de la population dépend des aides, est en proie à la pire crise humanitaire actuellement au monde selon l’ONU.
Déclenché en 2014 par une offensive des Houthis qui se sont emparés de vastes pans du territoire principalement dans le Nord, y compris la capitale Sanaa, le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts selon des ONG internationales.