Publié par CEMO Centre - Paris
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Le sulfureux musée de la Bible de Washington restitue à l'Égypte des milliers d'antiquités disparues

vendredi 29/janvier/2021 - 02:20
La Reference
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C'est une goutte d'eau dans un océan. Dix ans après la chute du président égyptien Hosni Moubarak et après plusieurs années de négociations, le Musée de la Bible à Washington vient de restituer à l'Égypte près de 5000 objets anciens qui avaient disparu des collections du pays dans la foulée de la révolution de 2011.

Constitué en majeure partie de papyrus, de manuscrits égyptiens et coptes de l'antiquité et du Moyen-Âge, le lot rendu à l'Égypte cette semaine comprendrait également «des masques funéraires, des parties de cercueils et des têtes de statues en pierre», selon le responsable en charge du dossier des pièces restituées cité par l'AFP. L'ensemble des objets ont été confiés au Musée copte du Caire.

Annoncée mercredi par le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, la restitution a été réalisée avec le concours logistique du gouvernement américain, après la découverte dans les collections du Musée de la Bible à Washington de plusieurs milliers d'objets irakiens et égyptiens de provenance incertaine.

Une sortie d'Égypte frauduleuse

Le nombre des antiquités retournées par le seul musée de la Bible à Washington a de quoi inquiéter sur l'ampleur du trafic dans les années 2010, ces 5000 objets ne constituant qu'une infime partie d'un flux colossal d'antiquités frauduleusement sorties d'Égypte. Les vols et destructions d'antiquités s'étaient démultipliés au cours de la révolution égyptienne de 2011 puis dans les années suivantes, notamment au moment de la chute de Mohamed Morsi.

Après de nombreux coups durs, la lutte internationale contre ce trafic frauduleux s'est intensifiée ces dernières années et a permis - avec l'aide d'Interpol - l'arrestation puis la condamnation en 2020 d'un diplomate italien ainsi que du frère d'un ex-ministre des Finances de Hosni Moubarak. Les deux organisateurs d'un réseau de contrebande avaient été arrêtés alors qu'ils essayaient d'écouler plus de 21.000 objets dans la péninsule italienne.

Outre les antiquités égyptiennes, le Musée de la Bible est également en train de procéder au retour en Irak de plus de 8000 objets en terre cuite pour lesquels «il n'y avait pas assez d'informations fiables sur leur provenance», selon les mots de Steve Green, le fondateur et président du musée. Des objets qui, selon toute vraisemblance, ont eux aussi fait l'objet d'un commerce illégal.

En 2016, déjà, The Atlantic rappelait que l'accroissement récent de la collection d'antiquités bibliques amassée par Steve Green devait certainement s'être appuyé sur des pillages menés au Moyen-Orient, notamment par Daesh. Un manque de discernement pour lequel le milliardaire a été mis à l'amende par le fisc américain en 2017.

En plus des biens culturels volés, le commerce illicite des antiquités voit circuler une quantité innombrable d'objets découverts au cours de fouilles clandestines et de pillages qui ne limitent plus au seul Moyen-Orient. Véritable catastrophe archéologique propulsée par la vente en lige, ce marché des «antiquités du sang» constitue désormais une manne financière considérable à l'échelle de la planète au point de figurer, en 2020, au troisième rang des trafics illicites en termes de volume, derrière ceux de la drogue et des armes. Un commerce auquel continuent de contribuer des galeries et des musées peu scrupuleux.

 

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