Soudan : regain de violences au Darfour en plein départ de la mission de protection de l’ONU
mercredi 27/janvier/2021 - 11:23
C’est un enfer que les habitants du Darfour, cette vaste région de l’ouest du Soudan, connaissent trop bien. Entre le 16 et le 19 janvier, près des villes de Geneina et de Nyala, des attaques contre des camps de déplacés et des villages ont fait plus de 200 morts et 100 000 déplacés.
Des violences qui ont éclaté à peine deux semaines après le retrait de la mission conjointe de l’Union africaine (UA) et des Nations unies pour le maintien de la paix et de protection des civils au Darfour, l’Unamid. Son mandat a pris fin le 31 décembre 2020.
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Une nouvelle mission de l’ONU est en cours d’installation à Khartoum. Mais celle-ci vise uniquement à accompagner la transition au Soudan où un gouvernement intérimaire a été formé en juillet 2019, composé de civils et de militaires, suite au renversement du dictateur Omar Al-Bachir par l’armée, après des mois de révolte populaire.
La signature d’un accord de paix, en octobre 2020, entre ce gouvernement de transition et certains groupes rebelles soudanais a, semble-t-il, fait pencher le Conseil de sécurité en faveur du retrait des casques bleus du Darfour. Le Conseil avait tenu à « féliciter le Soudan et son peuple pour cette réussite historique, une occasion importante pour une paix globale et durable ».
« Un vide sécuritaire »
L’accord de Juba prévoit la formation d’une force de protection des civils de 12 000 hommes, composée à égalité de troupes rebelles et gouvernementales, mais elle n’est pas opérationnelle. Quant au nouveau gouvernement censé incorporer les dirigeants rebelles rentrés à Khartoum, il n’est toujours pas formé. Dans une résolution votée à l’unanimité le 22 décembre 2020, l’ONU a tout de même mis un terme à sa mission de maintien de la paix au Darfour, incitant « le gouvernement du Soudan à protéger les civils ».
L’Unamid avait été établie en 2007 pour endiguer le conflit démarré quatre ans plus tôt, opposant des membres de minorités ethniques du Darfour qui s’estimaient marginalisées au gouvernement soudanais et à ses milices armées, recrutées parmi les populations arabes et connues sous le nom de janjawids.