L’organisation Etat islamique en embuscade dans le désert syrien
Pour
l’armée syrienne et ses supplétifs, l’hiver s’annonce plus rude que prévu. Sur
le front d’Idlib, le dernier fief de la rébellion, dans le nord-ouest du pays,
les troupes loyalistes savourent un répit d’une durée inédite. Le régime ne
semble pas près de relancer l’opération de reconquête de ce territoire, gelée
par le
cessez-le-feu russo-turc proclamé en mars 2020.
Mais
dans la Badia, le désert qui s’étend de Homs à la vallée de l’Euphrate, les
forces pro-Assad font face depuis l’automne 2020 à une intensification des
attaques de l’organisation Etat islamique (EI). Les rescapés de l’effondrement
du « califat » djihadiste y enchaînent escarmouches, explosions et
embuscades à un rythme quasi quotidien.
Une
insurrection à bas bruit
Le
relief très accidenté de cette région, parsemée de montagnes, de canyons et de
grottes, leur permet de disparaître aussitôt après avoir frappé, laissant
derrière eux un bilan qui oscille selon les jours entre quelques blessés et
plusieurs dizaines de morts. Les médias n’y portent pas toujours attention,
mais, mises bout à bout, ces actions de guérilla composent une insurrection à
bas bruit.
Deux
ans après la perte de Baghouz, l’ultime lambeau de leur empire syro-irakien,
les djihadistes mènent une campagne qui ne dit pas son nom et qui entretient la
possibilité d’un retour en force de leur organisation. « La Badia
est le centre d’où partira toute future poussée de l’EI », prédit
Gregory Waters, chercheur au Middle East Institute, qui tient la chronique de
ces attaques, à partir des avis de décès et des photos, publiés sur les réseaux
sociaux.