Dimanche, un responsable à la
présidence avait affirmé à l'AFP que « plus de 340 ordres d'exécution pour des
faits criminels ou de terrorisme » avaient été ratifiés mais pas mis en œuvre
jusqu'alors, et qu'ils pouvaient entraîner à tout moment des pendaisons.
Irak : premières exécutions après l’attentat djihadiste de Bagdad
Trois Irakiens reconnus coupables de «
terrorisme », ont été pendus dans la prison de Nasiriyya. L’Irak est le
quatrième pays qui exécute le plus au monde.
La peine de mort
n'a pas été abolie en Irak et trois condamnés ont été pendus lundi. Ces
exécutions confirment les craintes des défenseurs des droits humains après que
la présidence a promis des actes forts en réponse au double attentat suicide
de Bagdad, la semaine dernière.
De
fréquentes exécutions dans la foulée d'un attentat
Pour procéder à une exécution, l'administration
pénitentiaire doit obtenir un ordre ratifié par la présidence. Les plus de 340
documents signés l'ont été depuis 2014, soit en quasi-totalité sous la
présidence de Fouad Massoum, au pire de la percée du groupe djihadiste Etat
islamique (EI ou Daech), selon un autre responsable à la présidence.
Les ratifications ont « continué » sous
le mandat entamé en 2018 de Barham Saleh, connu pour être contre la peine de
mort, a indiqué le premier responsable cité. Si l'Irak a procédé en 2019 à plus d'une exécution sur
sept dans le monde – soit 100 condamnés
pendus en un an — il est coutumier des exécutions dans la foulée d'un attentat
ayant choqué l'opinion.
L'ex-Premier ministre Haider al-Abadi a
frappé fort en juin 2018 en faisant exécuter treize djihadistes et en publiant
pour la première fois les photos des pendaisons, pour calmer les critiques
contre son manque de fermeté après l'assassinat de huit civils par l'EI.
« La peine
de mort est un outil politique »
L'attaque de jeudi dernier, revendiquée
par l'EI, a fait 32 morts sur un marché très fréquenté de Bagdad, provoquant un
choc dans la population, habituée à une relative tranquillité depuis la défaite
militaire de l'organisation djihadiste fin 2017.
L'annonce de la présidence est donc,
relève Belkis Wille, de Human Rights Watch, une nouvelle preuve que « la peine
de mort est un outil politique ». « Les dirigeants usent de ce genre d'annonces
pour dire aux gens qu'ils agissent pour eux, sans prendre en considération le
fait que les procès sont viciés », affirme-t-elle.