Libye: les pays impliqués dans le conflit rechignent à quitter le terrain
Les
Etats militairement impliqués en Libye ont totalement ignoré les injonctions
des Nations unies à quitter le pays avant ce samedi 23 janvier. L’accord
politique libyen signé à Genève en octobre dernier invitait au départ de tous
les mercenaires étrangers, dans les 90 jours suivant sa signature. Après une
décennie de lutte entre Libyens, la crise leur échappe désormais.
« Tous les partis régionaux et
internationaux doivent respecter les articles de l’accord de cessez-le-feu du
23 octobre », a rappelé Antonio Guterres, le secrétaire
général des Nations unies la semaine passée. Appel relayé par la mission
d’appui de l’ONU en Libye et par la Commission militaire libyenne. Mais les
pays fortement impliqués en Libye font la sourde oreille. Ils ne semblent pas
vouloir plier bagage.
En
effet, sur le terrain, rien n’indique que les protagonistes étrangers aient la
moindre intention de partir. La Turquie et la Russie, les deux acteurs majeurs
en Libye semblent bien au contraire vouloir renforcer leur présence.
Des
images satellites révélées ce week-end par la chaine américaine CNN, montrent
que les Wagners russes ont creusé une énorme tranchée autour de la ville de
Syrte. Leur présence est forte dans cette ville côtière ainsi que dans la base
militaire d’al Joufra au sud, même si Moscou nie toujours officiellement sa
présence militaire en Libye.
Ankara,
de son côté continue à acheminer des cargaisons d’armes par voie maritime et
aérienne. Elle a renforcé sa présence dans les bases militaires à l’ouest
libyen surtout à al Witya. Elle remplace régulièrement les mercenaires syriens en fin de mission par de nouvelles recrues.
La
Russie et la Turquie apportent chacune leur soutien à un camp différent et
cherchent à se partager une Libye morcelée. Selon plusieurs observateurs, elles
« ne quitteront
jamais la Libye, si elles n’ont pas la garantie que leurs intérêts seront
préservés », leurs agissements indiquent « qu’elles sont là pour y
rester ».
Stéphanie
Williams, l’envoyée spéciale par intérim de l’ONU, a récemment estimé à 20 000
le nombre des mercenaires étrangers en Libye.