La France, "pays d'Europe dans la meilleure situation sanitaire" ? Ce n'est plus vrai

Après avoir été un modèle
pendant plusieurs semaines, la France ne fait plus partie des pays européens où
la situation épidémique est la meilleure, contrairement à ce qu'a affirmé
dimanche Jean-François Delfraissy.
Une situation qui s'est dégradée
Pour visualiser la situation française au
sein de l'Union européenne, rien de mieux que de prendre le taux d'incidence
calculé par Our Word in Data. Ce site, une référence en matière de suivi de
l'épidémie à travers le monde, comptabilise le nombre de nouveaux cas
quotidiens par million d'habitants sur les sept derniers jours. À noter qu'en
France, les autorités prennent en compte un taux légèrement différent, calculé
sur une semaine, non glissante, et pour 100.000 habitants.
Les dernières données récoltées par les
chercheurs de cette équipe de l'Université d'Oxford vont à l'encontre du message
de Jean-François Delfraissy. Comme on peut l'observer sur le graphique
ci-dessous, le 22 janvier, la France est passée, pour la première fois depuis
le 21 novembre, derrière la moyenne européenne. Après deux mois d'exemplarité, ce taux a atteint les 354 cas par
million d'habitants sur les sept derniers jours, contre 307 pour le reste du continent.
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En regardant plutôt le taux de positivité des tests (nombre de tests positifs
par rapport total au nombre de tests), le pays apparaît effectivement à nouveau
comme un bon élève. L'Hexagone n'est devancé que par le Danemark, qui a une stratégie particulièrement offensive depuis le début du mois. À noter
toutefois que dans cette dernière courbe, la ligne française est sur le point
de croiser la britannique. Et pourrait bientôt la devancer.
Et c'est finalement là que réside toute
l'importance de ce suivi épidémique. Si, pendant de longues semaines, la France
a effectivement été un bon élève "avec des chiffres qui n'ont pas
tellement évolué depuis un mois", comme l'a souligné Jean-François
Delfraissy, cette
réalité est en train de changer. Tandis que nos voisins ont des courbes
décroissantes, phénomène particulièrement notable en Suisse ou en Allemagne, la
nôtre amorce une ascension. Une observation inquiétante qui va dans le sens de
l'analyse faite par le chef du Conseil scientifique dimanche. L'infectiologue
notait que malgré notre "situation relativement stable",
si le pays continue dans cette lancée, les choses finiront pas se dégrader. "Sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une
situation extrêmement difficile, comme les autres pays", a-t-il
prévenu. Une mise en garde que semble avoir entendue le gouvernement. Le
Premier ministre a fait savoir ce lundi que des décisions allaient être prises "cette semaine" face à des indicateurs "inquiétants".