La trêve conclue en octobre 2020 entre les belligérants avait permis d'établir un cessez-le-feu en Libye, une pause dans les combats qui tient toujours. Mais l’ONU avait également fixé un délai de 90 jours pour que les forces étrangères quittent le territoire libyen. Alors que ce délai expire ce week-end, sur le terrain, rien ne montre que les protagonistes étrangers engagés dans le conflit libyen aient la moindre intention de plier armes et bagages. Bien au contraire.
Principal soutien du gouvernement d’union nationale de Fayez Al-Saraj, la Turquie a investi des centaines de millions d’euros ces dernières années, notamment dans la réhabilitation de la base aérienne d’Al-Watiya à la frontière avec la Tunisie. Régulièrement, des avions cargos turcs font la navette pour acheminer du matériel militaire coûteux et sophistiqué, notamment des drones et des missiles. Sans parler des accès aux ports de Khoms et de Misrata aménagés pour accueillir les frégates et les cargos d’Ankara. Sans ce cacher, les Turcs montrent qu’ils sont là pour rester.
Officiellement, la Russie n'est pas présente en Libye
La posture de la Russie, elle, est plus ambiguë. Officiellement, Moscou n’avouera jamais le moindre lien organique entre les 2.500 mercenaires russes engagés au côté du maréchal Haftar et le Kremlin. "Peut-être que Turcs et Russes ne partiront jamais", avance Jalel Harchaoui, spécialistes de la Libye au centre de recherche suisse Initiative Globale.
Selon lui, Stéphanie Williams, l’envoyée spéciale de l’ONU, voulait plus qu’un cessez-le-feu technique en octobre 2020. "Elle a lancé l’idée du retrait des soldats et mercenaires étrangers", analyse-t-il, "mais aucun des protagonistes n’a montré la moindre intention de s’y plier."
Malgré les efforts de l’ONU, une sortie crise n’est pas pour demain en Libye : "Une reprise de la violence en 2021 n’est d’ailleurs pas à exclure", juge, pessismiste, Jalel Harchaoui.