Confinée, la Tunisie célèbre le 10e anniversaire de sa révolution
Barrages et fourgons blindés jalonnaient l'avenue, au premier jour d'un confinement de quatre jours décrété face à l'aggravation de la pandémie.
Seuls quelques journalistes et riverains circulaient sur la principale artère de la capitale, centre névralgique du régime de Zine el Abidine Ben Ali devenu le coeur de la révolution, où des citoyens se rassemblent habituellement chaque 14 janvier pour raviver l'espoir d'un avenir meilleur.
"C'est un 14 janvier sans goût!", lançait un photographe suivant un défilé de voitures de police.
"Normalement, on aurait manifesté sur l'avenue pour demander plus de justice sociale, car les gouvernements qui se succèdent depuis 2011 n'ont toujours pas pris en compte cette demande", explique Alaa Talbi, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, une ONG.
"Mais ce 14 janvier je reste chez moi, pour la première fois depuis dix ans, car la crise sanitaire est grave", estime-t-il.
La Tunisie enregistre plus de 50 morts par jour, et des médecins alertent sur la difficulté croissante à trouver des lits pour les malades les plus graves.
Si la puissante centrale syndicale UGTT et les autres organisations ont renoncé à manifester vu la situation sanitaire, les revendications n'en restent pas moins fortes.
"Il faudra être très optimiste pour croire que la Tunisie est sur le bon chemin de la concrétisation des objectifs de la révolution", estime, pessimiste le quotidien gouvernemental La Presse.
La hausse des prix, la persistance du chômage et la défaillance croissante des services publics, alors que la pandémie a encore accentué la précarité, nourrit une déception à la hauteur des espoirs nés en 2011.