Publié par CEMO Centre - Paris
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Donald Trump face au Capitole : ce moment où tout a basculé

jeudi 07/janvier/2021 - 07:51
La Reference
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Le Monde: Que restera-t-il de ce 6 janvier 2020 ? Dans quelques années, les petits Américains apprendront certainement que ce jour-là, leur démocratie a vacillé. On leur montrera les images de ces militants bigarrés investissant le Capitole : le chef indien « new age » et son casque à cornes, les signes QAnon en pagaille, les pancartes « Biden est un pédophile », les potences et même une guillotine… Mais l'image la plus marquante de cette journée est peut-être à chercher quelques minutes plus tôt. Juste avant que la foule donne l'assaut.

En début d'après-midi, des dizaines de milliers de partisans du président sont déjà massés sur le Mall, le célèbre parc qui s'allonge du Potomac jusqu'aux marches du Capitole. Il fait à peine plus de 5 degrés dans la capitale fédérale, mais il en faut plus pour refroidir leurs ardeurs. Trump est à la tribune. Comme souvent, il harangue la foule. « Descendez jusqu'au Capitole ! Nous allons acclamer nos braves sénateurs et élus (…) et nous n'acclamerons probablement pas tellement certains d'entre eux, parce que nous ne reprendrons pas notre pays en étant faible. »

L'image est saisissante. Pendant que Trump lance des appels à l'émeute, tout l'establishment américain est au chaud, à quelques centaines de mètres de là, sous l'imposante coupole du Capitole. Même le vice-président Mike Pence a fini par rentrer dans le rang. Resté fidèle jusqu'au bout, il vient d'envoyer un communiqué indiquant qu'il s'engage à reconnaître la victoire de Joe Biden. Il est aux côtés de la cheffe des démocrates à la Chambre, Nancy PelosiLa cérémonie officielle peut débuter, on ignore qu'elle n'ira pas à son terme ce jeudi.

Unis par la haine                                                 

Rarement le concept de populisme n'aura été aussi bien illustrée. Le tribun est seul dehors ou presque – il n'y a que sa famille et son fidèle bras droit Rudy Giuliani à ses côtés. Il sourit encore, car il est au milieu de ses supporteurs. Lui les appelle le peuple. Ses opposants « Un panier de pitoyables » (« a basket of deplorables », selon la formule employée en septembre 2016 par Hillary Clinton et qui a fait date). Ce qui les unit : la haine des élus et des médias « traditionnels ». Tous ceux qui se trouvent justement de l'autre côté du Mall et qui s'apprêtent à entériner la défaite de leur champion. Sénateurs, élus démocrates ou républicains traditionnels, chaînes de télé, agences de presse… l'ensemble de l'establishment est là, au bout de l'allée, seulement abrité par les institutions et l'un de ses monuments les plus célèbres.

L'affrontement est inévitable. La plupart sont venus de loin, sans doute n'avaient-ils jamais vu en vrai le Capitole. Certains d'entre eux ont pris le même avion que Mitt Romney, le sénateur de l'Utah et ancien candidat à la présidentielle, qui est l'un des républicains les plus critiques de leur champion. « Traître, traître ! » lui ont-ils lancé au moment d'embarquer vers Washington.

Les traîtres sont évidemment aussi les médias. Aussi incroyable que cela puisse paraître, CNN et MSNBC, deux des plus grandes chaînes du pays, n'ont pas diffusé le discours de Trump sur le Mall. Elles sont en direct « plein pot » sur ce qui se passe à l'intérieur du Congrès. Seule Fox News opte pour l'écran coupé en deux pour montrer ce qui se passe aussi à l'extérieur du bâtiment. Mais le ton a changé, même sur Fox. L'histoire d'amour entre la télé conservatrice et le président fantasque est terminée.

 

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