Au Liban, la « misère toujours plus noire » des réfugiés syriens
Le long d’une grande route de la plaine de
la Bekaa, de bon matin, des hommes syriens attendent par petits groupes un
éventuel travail pour la journée. « Mais les petits boulots sont
de moins en moins nombreux. Le salaire de journalier ne vaut plus rien. Avant
la crise [la valeur de la livre libanaise a plongé sur le marché
noir], on s’en sortait, on vivotait. Depuis, les prix sont devenus
fous. Comment va-t-on joindre les deux bouts ? », s’inquiète
Adnane Al-Hamoud, 28 ans, originaire de la campagne de Homs en Syrie et
réfugié au Liban depuis 2013.
C’est dans un campement de Deir Zanoun que
vit ce père de trois enfants, travailleur occasionnel dans le bâtiment :
une quarantaine de petits cubes blancs serrés les uns contre les autres sur un
terrain agricole, faisant face à des bâtiments en dur de la localité. D’autres
petits camps dits « informels » – parce que le Liban ne reconnaît pas
l’existence de camps officiels de réfugiés syriens, même si ces lieux sont
organisés –, aux bâches maintenues par des pneus, sont installés à quelques
centaines de mètres. En bordure de la route trouée et boueuse, des enfants
viennent chercher le soleil. Il n’y a rien à faire dans les tentes et les
allées étroites. Les journées y sont devenues plus longues depuis que la crise
pousse à l’attente et fait grandir l’anxiété
Selon une étude publiée par des agences de
l’ONU, près de 90 % des réfugiés syriens vivent désormais dans l’extrême
pauvreté – contre 55 % un an plus tôt. Une accélération éclair, dans un
pays en pleine dégringolade économique et financière. « Les
communautés les plus vulnérables, dont les réfugiés syriens », sont « au
bord du gouffre », peut-on lire. Les autorités libanaises
affirment que près de 1,5 million de déplacés syriens vivent sur le
territoire, un chiffre plus élevé que celui des familles enregistrées auprès du
Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU. Chez les Libanais, le taux d’extrême
pauvreté est passé de 8 % à 23 %. La population a de moins en moins
de ressources, avec une inflation galopante, cite Le Monde.