Publié par CEMO Centre - Paris
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Depuis minuit, le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne

vendredi 01/janvier/2021 - 12:40
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La Tribune : Le Royaume-Uni a quitté de manière effective l'Union européenne (UE) jeudi soir, tournant le dos à 48 ans d'une vie communautaire tumultueuse, pour se diriger vers un avenir post-Brexit incertain dans ce qui constitue son plus important virage géopolitique depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le Brexit s'est produit de manière effective jeudi à 23h00 GMT, onze mois après que le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, date à laquelle s'était ouverte une période de transition pendant laquelle il était resté intégré au marché unique et soumis aux normes communautaires.

Véritable feuilleton

Pendant près de cinq ans, les rebondissements frénétiques liés au feuilleton du Brexit ont rythmé les affaires européennes, hanté les marchés et terni la réputation du Royaume-Uni en tant que pilier de la stabilité économique et politique de l'Occident.

Finalement, l'un des événements les plus importants de l'histoire du Vieux Continent depuis la chute de l'Union soviétique en 1991 s'est déroulé sans fanfare: le Royaume-Uni s'en est allé dans un relatif silence, dans un contexte de mesures sanitaires strictes face à l'épidémie de coronavirus.

Décrit par ses partisans comme le début d'une nouvelle ère pour une Grande-Bretagne à l'indépendance retrouvée et tournée vers le monde, le divorce avec l'UE a distendu les liens entre l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord - un marché économique de quelque 2.200 milliards de livres sterling.

"C'est un moment incroyable pour ce pays", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson lors de ses vœux du réveillon. "Nous avons en mains notre liberté et il nous appartient d'en tirer le meilleur", a ajouté celui qui fût en 2016 l'une des figures de proue des "Brexiters".

Investir dans les infrastructures, l'éducation et la technologie

Boris Johnson, âgé de 56 ans, a assuré à l'UE que le Royaume-Uni resterait la "civilisation européenne par excellence". Le dirigeant conservateur a toutefois livré peu de détails sur ce qu'il compte bâtir grâce à la nouvelle "indépendance"britannique, sur fond de lourd endettement pour faire face à la crise sanitaire.

Dans une tribune au Telegraph publiée jeudi, Boris Johnson a déclaré que l'Etat devra investir dans les infrastructures, l'éducation et la technologie. "Nous devrons parfois légiférer de manière différente ou meilleure, et cela pourrait signifier de profiter des libertés du Brexit", a-t-il écrit.

En juin 2016, quelque 17,4 millions d'électeurs britanniques s'étaient prononcés en faveur de la sortie de l'Union européenne, soit 52% des suffrages exprimés, et 16,1 millions s'y étaient opposés. Peu d'entre eux ont changé d'avis depuis. L'Angleterre et le Pays de Galles étaient majoritairement favorables au Brexit, mais pas l'Ecosse ni l'Irlande du Nord.

Le référendum a mis en exergue des divisions au Royaume-Uni allant bien au-delà de la question européenne. Il a alimenté les interrogations sur un large spectre de thèmes, qu'il s'agisse de sécession, d'immigration, de capitalisme ou de l'essence même de l'identité britannique moderne.

Quitter l'UE fut jadis le rêve d'une bande hétéroclite d'eurosceptiques en marge de la politique britannique. C'est en tant que "malade de l'Europe" que le Royaume-Uni a rejoint le bloc en 1973 et les dirigeants britanniques débattaient deux décennies plus tard d'une éventuelle entrée dans la zone euro.

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Mais les tourments de la crise de la zone euro, les craintes d'une immigration massive au Royaume-Uni et le mécontentement des Britanniques à l'égard du pouvoir à Londres ont aidé les "Brexiters" à remporter le référendum avec un message patriotique d'espoir, bien que vague.

"Nous voyons pour nous un avenir mondial", a dit Boris Johnson, arrivé au pouvoir à l'été 2019, qui est parvenu contre toute attente à décrocher un accord de divorce puis un accord commercial post-Brexit avec Bruxelles, tout en obtenant entre-temps la plus importante majorité parlementaire du Parti conservateur depuis Margaret Thatcher.

Des perturbations aux frontières

Le Brexit, aux yeux de ses partisans, est une échappatoire à un projet européen dominé par l'Allemagne qu'ils jugent voué à l'échec car à la traîne face aux deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine.

Les opposants au divorce avec l'UE y voient une sottise qui va affaiblir l'Occident, torpiller ce qui reste de l'influence du Royaume-Uni sur la scène internationale, nuire à l'économie britannique et, finalement, appauvrir la population et la rendre moins cosmopolite.

Quand l'horloge de Big Ben a retenti de onze coups à 23h00, l'émotion était peu perceptible à Londres, récemment placée en confinement face à l'apparition d'un variant plus contagieux du coronavirus et la hausse des nouvelles infections.

Malgré l'accord commercial post-Brexit scellé la semaine dernière entre Bruxelles et Londres, la sortie du Royaume-Uni du marché unique et de l'union douanière devrait entraîner des perturbations aux frontières pour les transferts de marchandises.

Après des décennies de vie commune, le divorce va provoquer un large éventail de changements, allant des passeports pour les animaux, aux normes pour le permis de conduire des Britanniques présents dans l'UE, en passant par la réglementation sur les données privées.

Vers une indépendance de l'Ecosse?

En marge du feuilleton du Brexit, l'opinion publique en Ecosse s'est avérée de plus en plus favorable à l'indépendance du pays, à cause du divorce avec l'UE et de la crise sanitaire du coronavirus, jetant une ombre sur 300 ans d'union politique entre l'Angleterre et l'Ecosse.

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré par le passé qu'un référendum sur l'indépendance devrait avoir lieu lors des premiers mois de la future législature l'an prochain.

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