Publié par CEMO Centre - Paris
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Vaccins et politique vaccinale : quelle situation en France ?

jeudi 24/décembre/2020 - 12:20
La Reference
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Vie Publique. Alors que la vaccination contre le Covid-19 commence en Europe, retour sur les évolutions de la politique vaccinale en France et sur l'attitude des Français face à la vaccination.

Protéger les populations des maladies infectieuses est l’objectif des politiques de vaccination mises en place tout au long du XXe siècle. Au titre de la lutte contre les épidémies, la vaccination est une composante de la politique de santé publique. Cependant, pour qu’une politique vaccinale soit efficace, il faut l’adhésion de l’ensemble de la population.

Or, en France, une certaine défiance vis-à-vis des vaccins s'est développée ces dernières années. Avec l'épidémie de Covid-19 et la mise au point de nouveaux vaccins, les pouvoirs publics souhaitent faire reculer cette défiance et renouer avec une culture de la prévention qui englobe "un ensemble de connaissances, de savoir-faire et de pratiques, partagés et valorisés par les soignants et la population, et destinés à préserver le capital-santé de chacun, en agissant en amont de la maladie". (Comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination, 2016).

Petite histoire de la vaccination en France

C’est au cours du XXe siècle que sont mises en place des obligations vaccinales contre certaines maladies infectieuses graves :

la variole à partir de 1902 jusqu’en 1979 ;

la diphtérie à partir de 1938 ;

le tétanos à partir de 1940 ;

la tuberculose à partir de 1950 jusqu’en 2007 ;

la poliomyélite à partir de 1964.

Devant la demande croissante de la population de participer aux décisions concernant sa santé et au nom de la liberté et de la responsabilisation individuelle, les autorités de santé recherchent une adhésion volontaire de la population à la vaccinationLa loi du 4 mars 2002(nouvelle fenêtre) relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite "loi Kouchner", comprend des dispositions relatives aux droits fondamentaux des patients. Depuis, le code de la santé publique dispose : "Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu'il lui fournit, les décisions concernant sa santé. Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement. Le suivi du malade reste cependant assuré par le médecin, notamment son accompagnement palliatif.[...] Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment" (article L1111-4).

La conséquence sur la politique vaccinale est le remplacement de l’obligation par la recommandation. La France s’aligne alors sur la politique vaccinale des pays voisins. Les nouvelles vaccinations recommandées en population générale concernent les maladies suivantes : la rougeole, les oreillons, la rubéole, la coqueluche, l’hépatite B, les infections invasives à Haemophilus influenzae (sérotype b), les infections invasives à pneumocoques, infections à méningocoques.

Cependant, face à la baisse de la couverture vaccinale et à l'émergence de messages de défiance sur les vaccins, une concertation citoyenne est pilotée par le professeur Alain Fischer en 2016. Le rapport rédigé au terme de la concertation conclut que la levée de l'obligation vaccinale est l'objectif à atteindre. Néanmoins, dans le contexte de perte de confiance et de baisse de la couverture vaccinale, il préconise un élargissement temporaire du caractère obligatoire des vaccins recommandés de l'enfant. Cette proposition entre en vigueur le 1er janvier 2018, date à partir de laquelle 11 vaccins sont obligatoires (en comptant ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite qui l'étaient déjà) dans les 18 premiers mois du jeune enfant.

Certaines populations font l’objet de recommandations spécifiques. Il s’agit par exemple de personnes souffrant de certaines pathologies ou exposées à des risques particuliers dans le cadre de leur activité professionnelle. Des vaccinations sont également obligatoires pour les voyageurs vers certaines destinations.

L’ensemble des vaccinations, obligatoires et recommandées, le calendrier des injections nécessaires, les recommandations associées, sont précisés dans un document mis à jour chaque année(nouvelle fenêtre) par la commission technique des vaccinations.

La commission technique des vaccinations

Au sein de la Haute Autorité de santé (HAS), la commission technique des vaccination (CTV), créée le 22 mars 2017, assure les missions en matière de vaccination. Elle est chargée de préparer les délibérations du collège relative notamment :

aux recommandations vaccinales, y compris en urgence à la demande du ministre chargé de la santé ;

au calendrier vaccinal arrêté par le ministre chargé de la santé ;

aux mentions minimales obligatoires des campagnes publicitaires portant sur des vaccins.

           
Elle collabore à la préparation des avis de la commission de la transparence et de la commission évaluation économique et de santé publique portant sur des vaccins.

Vaccins et couverture vaccinale

Les vaccins visent à protéger les individus contre les maladies contagieuses et transmissibles. Inoculés à des personnes en bonne santé, leur utilité doit être évaluée en fonction d’un bilan entre les bénéfices pour les individus et pour la collectivité et les risques encourus (effets secondaires plus ou moins graves). C’est ce qu’on appelle la balance bénéfice/risque. À partir d’un certain niveau de couverture vaccinale, qui varie selon le vaccin, c’est l’ensemble de la population qui bénéficie de l’immunité ainsi construite (immunité collective). Lorsque la couverture vaccinale est de 95%, on considère que la maladie a disparu. Ainsi, en 1980, la variole, maladie mortelle qui a longuement sévi dans le monde, est considérée comme éradiquée par l’OMS, et la vaccination n’est plus obligatoire.

En 2016, en France la couverture vaccinale moyenne est estimée au tour de 30%. Si elle est satisfaisante chez les nourrissons, il n’en est pas de même au-delà de l’âge d'un an et au fil des années. Le rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination faisait le constat suivant :

les couvertures des rappels à l’âge de 15 ans contre DTP, coqueluche et hépatite B sont estimées respectivement à 84%, 70% et 43% ;

moins d’un adulte sur deux (44%) âgé de 65 ans et plus était en 2011 à jour de son rappel DTP décennal ;

le taux de couverture vaccinale des jeunes filles contre le papillomavirus est en diminution (14% pour les trois doses à l’âge de 16 ans en 2015 contre 28% en 2010) et celui de la population à risque contre la grippe saisonnière également (48% en 2015-2016 contre 60% en 2009-2010).

la non-vaccination de nombreux enfants et jeunes adultes favorise la résurgence de la rougeole. En 2018, 350 000 cas de rougeole sont signalés dans le monde, soit le double du nombre de cas de 2017, et le nombre de cas répertoriés pour le premier trimestre 2019 est multiplié par quatre comparativement à la même période pour 2018.

Depuis 2018, la situation a changé avec une couverture vaccinale au-delà de 90% pour les vaccins chez les jeunes enfants, une progression constante du vaccin contre le papillomavirus (autour de 30%) même si cette couverture reste très en-deçà de celle de certains pays comme l’Australie (90%), le Portugal (84%), le Royaume-Uni (75%). On constate également une amélioration de la couverture vaccinale des professionnels de santé en 2019 : 73% pour la rougeole, 54% pour la coqueluche et 26% pour la varicelle, 35% contre la grippe.

 

Aux origines de la défiance des Français

40% des Français déclarent douter de la sécurité des vaccins. Selon une enquête mondiale menée par l’Institut Gallop et publiée en 2019, un Français sur trois ne croit pas que les vaccins soient sûrs, un Français sur dix ne croit pas à l’importance de faire vacciner les enfants. Les enquêtes menées par le comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination permettent de lister les causes de cette défiance.


Des raisons sociologiques

Une défiance, plus grande en France que dans d’autres pays, à l’encontre des institutions. Les autorités de santé, l’industrie du médicament, les experts sont soupçonnés de collusion sous l’effet de scandales réels et fortement médiatisés ;


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