Publié par CEMO Centre - Paris
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Profession tueur en Syrie

mercredi 23/décembre/2020 - 10:54
La Reference
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Paris Match: Parti défendre les chrétiens d’Orient face à Daech, un jeune homme bien né se transforme en machine de guerre. Un road-étripe haletant.

Comme dans « Les trois mousquetaires », un fils de famille de la bonne vieille province française part avec un groupe d’allumés pour l’aventure en Syrie ! Son ancêtre Amaury a combattu Saladin au XIe siècle. Un autre aïeul s’est fait sabrer par un bleu en 1793. Un de ses oncles a même survécu à Diên Biên Phu. Chez les Nantiac, les racines de l’arbre généalogique baignent dans l’eau bénite et le sang. Dans ses rêveries d’enfant, Paul, le petit dernier, s’est raconté beaucoup d’histoires pleines de cottes de mailles, de croix des Templiers, de destriers, d’épieux, de Godefroy et de Mélusine. Résultat : il veut sauver les chrétiens d’Orient. Il aime les coptes descendants directs des pharaons, les maronites héritiers des Phéniciens et, surtout, en Syrie, les chaldéens, derniers fils de Nabuchodonosor lui-même. C’est que là-bas, à Damas, il a une amoureuse. Pourquoi ne pas semerun peu la panique chez Daech et ramener Maryam en trophée ? Joindre l’amour et la mort. C’est parti.

Sang, sueur et larmes

Première escale : Beyrouth. Et, dès ce moment-là, vous comprenez qu’on n’est plus chez Dumas. Bienvenue chez « Les sept mercenaires ». Je vous préviens : ce livre ruisselle de sang, de sueur, de larmes. Dire que ce charmant Paul séduisait les douairières de Versailles. Au Liban, ça va encore. On passe en boîte de nuit, on lève des filles, on avance à grands pas vers un nihilisme irrémédiable mais on ne massacre pas encore. Dès qu’on entre en Syrie, en revanche, changement de registre. La violence envahit chaque page. Mais impossible de lâcher le livre. On n’est pas dans SAS. L’écriture est pleine de formules. On frôle même la haute voltige littéraire. Et puis, côté reportage, c’est éblouissant. A Damas, dans le grand foutoir arabe devenu un immense vide-greniers, toute la ville brade son patrimoine pour collecter le magot qui permettra de fuir le pays. Au passage, Paul est reçu par Bachar El-Assad lui-même, dans son palais du mont Qassioun, en plein centre-ville, une espèce de blockhaus style goulag avec mirador, abri antinucléaire et commodes Louis XV de chez Romeo. Le jour et la nuit avec les salles à ogives de la mosquée des Omeyyades.

A couper le souffle

Rien n’échappe à l’œil BCBG, snob et vieille France de Paul. Et rien ne lui plaît – sinon sa « papacha », la kalach à 600 coups par minute sans recul. Même Palmyre le déçoit : chaises en plastique, canicule, pâtisseries grasses. Et de là à Homs et de Tartous à Raqqa, c’est toujours pareil : une steppe nerveuse, des sentiers de chèvres, des ruines et des checkpoints. Seul le ciel, la nuit, est magique, un vrai sabbat d’étoiles. Pour le reste, dans ce paysage à l’os, la vie respire à peine. Le lecteur aussi a le souffle coupé. Car, avec Vadim, le chef du groupe de Paul, c’est carrément Armageddon. Le spécimen du mercenaire russe directement sorti d’un film de Tarantino. Rien à voir avec l’époque des tournois. On a presque pitié de Daech. A côté de lui, les combattants du califat, c’est la 7e compagnie face à la Wehrmacht. Pour se remettre, Paul a une aventure à Tartous, la base russe au bord de la mer. Au passage, il voit les alaouites embarquer des foules de sunnites brisés par la guerre : 4 000 dollars par homme, 1 500 pour un enfant. Et ouste, direction Chypre et cette bonne vieille poire d’Europe !


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