Le docteur
Alaa M. était-il un tortionnaire du régime de Bachar al-Assad ? Ce médecin
syrien, arrêté en juin en Allemagne sur des soupçons de crime contre
l'humanité, pourrait avoir commis d'autres exactions dans une prison des
services secrets militaires de Homs (Syrie), a annoncé ce lundi le parquet
fédéral allemand.
Réfugié
en Allemagne depuis 2015, il avait été interpellé dans l'Etat régional de Hesse
et placé en détention provisoire. Il est soupçonné d'avoir torturé, à partir du
23 octobre 2011, un homme détenu en Syrie pour avoir participé à une
manifestation contre le régime de Damas. Cet homme était ensuite mort, un
forfait considéré comme un « crime contre l'humanité » en Allemagne.
Le parquet fédéral allemand le soupçonne désormais
aussi d'un meurtre, de 18 cas de torture, d'avoir infligé à une personne « de
lourds dommages corporels et psychologiques », d'avoir « dans sept cas privé
des gens de liberté de manière grave », notamment.
Feu,
pendaison et injection létale
Le
parquet de Karlsruhe (sud-ouest) lui reproche entre autres d'avoir durant l'été
2011 versé de l'alcool puis d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un
adolescent de 14 ou 15 ans, admis auparavant aux urgences de l'hôpital
militaire de Homs.
A
la fin juillet-début août 2012, avec deux autres employés, il aurait également
roué de coups de pied et de poings un détenu avant de le pendre par les mains
au plafond.
Une
semaine plus tard, il lui est reproché d'avoir versé sur les mains du détenu un
liquide inflammable avant d'y mettre le feu. « Au total, il a participé à dix
séances de torture contre ce prisonnier », poursuit le parquet.
Puis
quelques jours plus tard, alors qu'un détenu, présenté seulement par son
initiale O., tentait de se défendre face aux coups reçus, il a pratiqué une
injection létale dans le bras et « l'homme est mort quelques minutes plus tard
».
Un procès historique en Allemagne
Alaa
M. avait quitté la Syrie mi-2015 et avait gagné l'Allemagne, comme des
centaines de milliers de Syriens. Il y exerçait depuis son métier de médecin.
Deux anciens
membres des services de renseignement syriens, dont un ex-haut gradé, sont jugés depuis avril devant le tribunal de Coblence, pour crimes contre
l'humanité et complicité de crimes contre l'humanité commis dans un centre de
détention de Damas en 2011.
Ce
procès est considéré comme le premier au monde en lien avec les exactions attribuées au
régime syrien. Ces
procédures judiciaires sont rendues possible car l'Allemagne applique le
principe de la compétence universelle.