La Grande-Bretagne et son cordon sanitaire, un cauchemar pour le fret
L'interruption surprise des liaisons entre la
Grande-Bretagne et le continent, pour cause de nouvelle menace sanitaire,
pourrait gâcher les fêtes de Noël des Britanniques, déjà ternies par les
tensions et les incertitudes autour du Brexit et, depuis peu, par l'apparition
d'un virus modifié du Covid-19.
La paralysie du trafic du
fret intervient en effet alors que celui-ci se situait à des niveaux inouïs pour une population très dépendante
des importations à bien des égards. « C'est un cauchemar avant Noël »,
s'est notamment alarmé James Withers, dirigeant du groupe Scotland Food &
Drink Industry, tandis que le secteur logistique pressait le Premier ministre,
Boris Johnson, de mettre en place au plus vite les procédures de tests pour
sauvegarder la chaîne logistique.
17.000 camions coincés
Comme l'explique notamment
Alexis Degouy, le délégué général d'Union TLF, la première organisation professionnelle
française représentative de l'ensemble des métiers de la chaîne du transport de
marchandises et de la logistique (1.200 entreprises et 147.000 salariés
environ), le trafic entre la Grande-Bretagne et le continent était, avant ce
brutal coup d'arrêt, « dans une situation exceptionnelle
[…] Nous assistons depuis quelque temps à un phénomène de surstockage de
la part des Britanniques qui redoutent les conséquences du Brexit. Nous ne nous
y attendions pas d'ailleurs. A Calais, les flux ont doublé. La semaine
dernière, la moyenne était à 12.000 camions par jour, soit le double du trafic
en temps normal », explique Alexis Degouy.
De fait, ajoute le délégué
général d'Union TLF, « des centaines de chauffeurs français et des
milliers d'Européens sont dans la nature ». Selon la Fédération
nationale des transports routiers (FNTR), qui cite son équivalent allemand,
« 17.000 camions européens étaient coincés lundi » dans le
port anglais de Douvres, fermé pour le trafic sortant.
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Situations
d'urgence
Au-delà de l'ampleur du
trafic, ce coup d'arrêt brutal aux flux de marchandises s'accompagne de
situations d'urgence. La question se pose pour les denrées périssables. Or,
rappelle notamment le délégué général d'Union TLF, les Britanniques « dépendent
à près de 60 % d'importations alimentaires ». La chaîne de
supermarchés Sainsbury's s'est d'ailleurs émue du risque de voir
disparaître des étals choux-fleurs et brocolis importés du continent en cette
période de l'année. A la question des produits alimentaires s'ajoute de
surcroît celle relative aux produits pharmaceutiques…
Simultanément, le blocage de
ces milliers de chauffeurs est un casse-tête général. « Ce lundi, on a
une majorité d'entreprises qui ont arrêté le trafic dès le matin pour éviter de
gérer un problème supplémentaire. Mais les annonces sont tombées dimanche, et
nous avons beaucoup de chauffeurs qui sont déjà rentrés au Royaume-Uni et qui y
sont bloqués », déplore ainsi Olivier Arrigault, le secrétaire général
de la FNTR dans le Nord-Pas-de-Calais. Ce dernier presse d'ailleurs les transporteurs
de laisser les camions là où ils sont outre-Manche et de ne surtout pas se
rendre à Douvres où « ça va congestionner énormément ».