Défense européenne : comment la France veille sur l’embargo en Libye
Elle a beau se
sentir orpheline de son hélicoptère Lynx, et n’avoir plus que deux ans d’ici à
son désarmement prévu au mois d’avril 2022, la frégate de lutte
anti-sous-marine Latouche-Tréville mène encore des missions utiles.
Dernière de la prestigieuse classe Georges
Leygues (type F70) de la Marine nationale (lancée en 1985), elle revient d’un
déploiement de deux mois et demi qui l’a menée jusqu’en Méditerranée.
Avant d’être intégrée à l’opération
« Irini », le « Latouche-Tréville » a formé un Surface
action group (SAG) avec la frégate « La Fayette » déployée dans le
cadre de l’opération Chammal. Ici, le « Latouche-Tréville » et la
FLF. | MARINE NATIONALE
Ainsi, du 1er octobre au 7 novembre 2020, la frégate
a participé à l’opération Irini de l’Union européenne, qui
vise à faire respecter l’embargo sur les armes à destination de la Libye,
imposé par les résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité
des Nations-Unies.
Aux côtés de trois autres frégates
européennes (allemande, italienne et grecque), elle a réalisé soixante-et-onze
interrogations auprès des navires de commerces à destination ou en provenance
de la Libye, treize « approches amicales » et deux
« visites ».
« Nous représentons
la force légitime de l’Europe »
L’approche amicale (friendly approach),
avec l’accord du commandant du bateau, « permet de partager
informations et impressions sur la zone, et de ressentir l’ambiance à bord, explique
son commandant Patrick de Sevin. L’équipage est souvent reconnaissant
envers notre action rassurante de gendarmes de la mer. »
La visite, elle, fait suite à la
caractérisation « d’un doute raisonnable » sur la
présence d’armes à bord, notamment à la suite d’un survol du bateau par un
drone aérien.
« Une fouille plus approfondie a lieu
alors sous l’égide de l’ONU, dans le cadre de la convention de Montego Bay,
après l’accord de l’État du pavillon obtenu par l’État-major opérationnel basé
à Rome (Italie). Nous représentons la force légitime de l’Europe. »
Gilets pare-balles et
casques lourds
Pendant ces quarante jours de mission,
cette fouille minutieuse d’environ six heures, par une douzaine de militaires
spécialement formés, équipés de gilets pare-balles, casques lourds et fusils à
pompe, s’est seulement produite à deux reprises… et n’a pas permis de découvrir
d’armes.
À peine rentrée à son port-base de Brest
(Finistère), la frégate prépare maintenant ce qui sera sans doute son dernier
arrêt technique, de février à mai 2021. Au programme, la vérification de
ses lignes d’arbre et manchons de coques. Et surtout, la greffe d’un nouveau
mât, récupéré sur son sister-ship désarmé La Motte-Picquet, après
la perte du sien, début 2020, lors d’une fortune de mer en Atlantique.
« La frégate Latouche-Tréville, dernière
d’une prestigieuse série, de retour à Brest » figure au sommaire du
N° 190 de Marines et forces navales. À la Une du magazine
daté de décembre 2020 et janvier 2021, le sous-marin nucléaire
d’attaque Perle incendié à Toulon, reconstruit à Cherbourg.
Également : « Les futures frégates T31 de la Royal Navy, un atout
pour l’export », « Mieux comprendre la stratégie maritime de la
Turquie en Méditerranée orientale » ou « Les hydravions PBY Catalina
dans la bataille de l’Atlantique ».