L’Allemagne affronte sa pire vague de Covid-19
Triage : le fait de devoir choisir les patients à intuber, faute de matériel ou de personnel. Le terme renvoie aux dramatiques images de Bergame, en Italie, au printemps. Et, désormais, en Allemagne.
Un médecin de la clinique de Zittau, ville de Saxe frontalière de la République tchèque, l’a utilisé lors d’un forum citoyen. Nous avons été plusieurs fois dans une situation où nous devions choisir qui allait recevoir de l’oxygène ou pas » , a déploré ce professionnel sur la plateforme T-Online. La clinique n’a pas officiellement confirmé ce triage mais a reconnu être aux limites de ses capacités ».
La Saxe, avec quatre millions d’habitants, affiche un nombre de contaminations au coronavirus particulièrement catastrophique. Huit des dix cantons les plus touchés sont dans cette région. Le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants sur sept jours) a atteint 415, jeudi 17 décembre, bien au-dessus de la moyenne nationale de 185. Alors que l’objectif de la chancelière allemande Angela Merkel est de repasser sous les 50, certains villages dépassent le taux de 1 000.
Le débat d’une isolation complète de ces foyers est dans l’air. Fermer des communes, cela sonne très dur et ce serait très dur » , a expliqué Michael Kretschmer, président CDU de la région en rassurant : Actuellement, il n’y a pas de décision dans ce sens. Tandis que tout le pays est en confinement partiel, pour les vacances de fin d’année.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer le cas particulier de la Saxe, notamment la situation géographique de la région, limitrophe d’autres territoires très touchés par la deuxième vague : Bavière, Thuringe mais aussi République tchèque et Pologne.
L’attitude de l’extrême droite dénoncée
La première vague du printemps, très faible à l’est du pays, semble ne pas avoir servi d’électrochoc. « Nous n’avons eu quasiment aucun cas ici, explique Alexander Ahrens, le maire de la commune de Bautzen, actuellement très touchée. La grande majorité des gens ne connaissaient même pas quelqu’un, qui connaissait quelqu’un, qui connaissait quelqu’un qui avait eu le corona. »
Une autre théorie se propage. Des observateurs font un rapprochement entre ce développement de l’épidémie en Saxe et le vote du parti d’extrême droite AfD, très implanté dans la région. C’est le cas de Matthias Quent, sociologue spécialiste de l’extrême droite, qui, chiffres à l’appui, note une corrélation entre les résultats de l’AfD aux législatives de 2017 et l’incidence au coronavirus du 4 décembre 2020. Il ne s’agit pas de cas isolés, mais de statistiques fortes et significatives . Le sociologue précise cependant qu’ une corrélation n’est pas une causalité !