Panique et incertitude aux Etats-Unis après une sévère opération d’espionnage informatique
Les
Etats-Unis ont-ils été victimes de l’opération d’espionnage informatique la
plus importante de ces vingt dernières années ? Depuis dimanche
13 décembre et la découverte d’un logiciel espion dissimulé au cœur d’un
outil informatique utilisé par des dizaines d’administrations et d’entreprises
américaines, un vent de panique souffle sur Washington.
Le conseil de sécurité nationale,
l’équivalent du conseil de défense français, s’est réuni deux fois en
trois jours. Le conseiller de Donald Trump pour la
sécurité nationale a dû écourter
un déplacement en Europe. La cellule de crise
« cyber » de la Maison Blanche, une instance créée sous
l’administration Obama, a été activée, tandis que les parlementaires des
commissions au renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants ont
été briefés par les services de renseignement.
Après
les départements du Trésor et du commerce, ce sont en effet le ministère de
l’intérieur américain, le ministère de la santé, certaines parties du Pentagone
et l’agence du ministère de l’énergie chargée de gérer le stock d’armes
nucléaires qui auraient été visités par les pirates. Dans certains cas, des
courriels auraient été
exfiltrés. Le FBI, l’agence américaine de
cybersécurité et le directeur du renseignement ont reconnu mercredi
16 décembre, dans un communiqué conjoint et minimaliste, une « compromission
ayant affecté des réseaux au sein du gouvernement fédéral ».
Une ampleur impossible à déterminer
Pour pénétrer dans ces réseaux, les pirates
ont avancé masqués. Ils sont notamment parvenus à insérer Sunburst, un logiciel
malveillant de leur cru, dans certaines versions de la plate-forme Orion, un
outil de supervision des réseaux informatiques commercialisé par l’entreprise
américaine SolarWinds. La manœuvre, difficile à détecter, est d’une efficacité
redoutable : depuis mars, les entreprises installant certaines versions
d’Orion dans leurs réseaux informatiques ouvraient sans le savoir une porte
d’entrée aux pirates.