Publié par CEMO Centre - Paris
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Qatar : une plongée dans l’enfer des travailleurs immigrés

samedi 12/décembre/2020 - 09:02
La Reference
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Le choix du Qatar pour accueillir la Coupe du monde de football de 2022 fait débat depuis des mois. En cause ? Les conditions de travail des travailleurs étrangers et les droits humains bafoués. Plus largement, la communauté internationale a dénoncé le système de parrainage (forme d’adoption spécifique au droit musulman), ou kafala, jusqu’en octobre 2019, date de son abolition. Or, dix ans de kafala ne s’effacent pas du jour au lendemain. Des milliers de migrants sont toujours détenus au Qatar à cause de ce système. Et justice n’a pas été rendue. Explications.

Le Qatar est une monarchie constitutionnelle avec un régime héréditaire, exercé par les hommes de la branche de l’émir de la famille Al Thani, qui règne de manière absolue depuis 1868. L’article 36 de la Constitution de 2004 dispose ce qui suit : « La liberté personnelle est garantie et nul ne peut être arrêté, détenu, fouillé, et sa liberté de résidence et de mobilité ne peut être limitée que par les dispositions de la loi ; et nul ne peut être soumis à la torture ou à tout autre traitement dégradant ; et la torture est considérée comme un crime punissable par la loi ».

Mais le cas des expatriés et immigrés semblent constituer une entorse à cette loi. En effet,les étrangers, décrits comme des « expatriés » dans la loi qatarie sur l’immigration, représentent 90% de la main d’œuvre du pays. Autant dire que le Qatar ne peut même pas fonctionner sans eux. En 2014, cette population migrante a connu une forte augmentation, en partie due à la hausse des besoins en main-d’œuvre liés aux préparatifs de la Coupe du monde de 2022. Or, depuis que le Qatar a été choisi pour accueillir l’événement, les critiques de la communauté internationale, quant aux conditions de travail des migrants, ne cessent de s’intensifier, peut-on lire sur le site Mr Mondialisation.

De récents rapports de presse et enquêtes menées par des groupes de défense des droits de l’homme ont mis en exergue la pléthore de violations des droits humains dont souffrent les migrants au Qatar. Entre autres : hausse du nombre de décès sur les chantiers de construction, confiscation des passeports systématique et défaut de délivrance de permis de séjour aux travailleurs, travail forcé dans des conditions difficiles ou encore défaut de délivrance de visas de sortie pour les travailleurs souhaitant partir afin de les maintenir au travail. Le point commun de tous ces exemples ? Le système de parrainage, ou kafalaLa loi de 2009 sur le parrainage (ou adoption sans affiliation) prévoit que chaque expatrié ayant obtenu un visa d’entrée au Qatar doit avoir un sponsor, une personne en mesure de le protéger.

Ce système très particulier mène à des dérives aux répercussions graves pour les travailleurs étrangers, notamment l’incarcération dans des conditions déplorables et l’expulsion. S’il est pratiquement impossible d’avoir le nombre de prisonniers exact, chaque année, ce sont plus de 12000 migrants qui sont expulsés du Qatar. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme des migrants s’est rendu au Qatar en 2013, afin d’y voir plus clair. Son constat est sans appel : il a observé des problèmes structurels dans le système de parrainage et des conditions de travail abusives. Mais ces pressions liées à l’approche de la Coupe semblent faire bouger les choses. Signal positif, la kafala a été abolie en octobre 2019.

a pression des organismes internationaux de défense des droits de l’homme, ainsi que le contexte diplomatique des pays du Golfe depuis la crise de 2017, ont amené le pays à vouloir redorer son image auprès de la communauté internationale. Les travailleurs étrangers peuvent désormais quitter ou revenir au Qatar comme ils le souhaitent : ils n’ont plus besoin de permis de sortie. Or, qu’en est-il des plaintes portées avant l’abolition de la kafala ? Et des milliers de travailleurs étrangers déjà détenus ? Ont-ils obtenu gain de cause auprès de la justice ? N’est-il pas possible de porter plainte depuis un tribunal occidental ? Retour sur ce système de parrainage, la kafala, de la loi de 2009 jusqu’à son abolition dix ans plus tard.

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