Au Qatar, le scandale des examens gynécologiques forcés de l'aéroport de Doha
Afin de retrouver un
nouveau-né abandonné à l'aéroport de Doha, les autorités qataries ont forcé
plusieurs passagères à se faire examiner pour savoir si elles venaient
d'accoucher.
Au
Qatar, le scandale des examens gynécologiques forcés de l'aéroport de Doha
Un bébé prématuré abandonné dans une poubelle de
toilettes. C’est l’hallucinante trouvaille du personnel de l’aéroport Hamad de
Doha, le 2 octobre. Ils n’ont alors qu’une idée en tête : retrouver la
mère du nouveau-né. Pour ce faire, ils ne s’embarrassent pas de considérations
éthiques. Selon le site Channel Seven, les femmes de plusieurs vols en partance pour Sydney sont escortées hors de
leurs avions. Elles vont ensuite subir des fouilles au corps et des examens
gynécologiques forcés. Ils tentent d’identifier une femme qui a accouché
récemment, sans succès. Depuis que cette histoire a été reprise par les médias
australiens, qui se sont scandalisés – et avec eux les réseaux sociaux –
les autorités qataries se sont résolues à retrouver la génitrice de l’enfant en
lançant un appel à témoins.
Cette histoire a provoqué la stupeur des journaux
australiens. Le Guardian Australie a contacté un passager du vol Doha-Sydney, Wolfgang Babeck, qui
raconte avoir attendu pendant trois heures dans l’avion, avant que la
compagnie aérienne demande à toutes les femmes de débarquer. Quand les
passagères reviennent, elles sont très énervées et une est en pleurs. Wolfgang
rapporte les témoignages de ces femmes, qui ont dû se dévêtir avant de subir un
examen gynécologique d’une docteure, sans que cette dernière ne leur explique
pourquoi.
«Des événements
extrêmement perturbants, choquants et préoccupants»
Ces témoignages ont fait réagir la ministre des Affaires
étrangères et des Droits des femmes australienne, Marise Payne. «Il s’agit
d’événements extrêmement perturbants, choquants et préoccupants», a-t-elle affirmé lundi. Le lendemain, elle a indiqué en commission
parlementaire que les passagères de dix avions avaient été victimes de ces
examens forcés. Les premières informations obtenues par la ministre font état
de dix-huit femmes concernées dont treize Australiennes. En France,
le quai d’Orsay a fait savoir qu’une Française «a fait partie des
personnes concernées par l’enquête du Qatar»,
mais qu’elle «n’a pas fait l’objet d’un tel examen forcé».
Contraint de réagir, le gouvernement du Qatar s’est fendu
d’un communiqué mercredi, dans lequel il affirme regretter «la détresse
ou la violation des libertés individuelles que cette action a pu causer à des
voyageurs». Les autorités justifient leur acte en
insistant sur le fait que les examens avaient été lancés pour «empêcher la
fuite des auteurs d’un crime horrible». Selon
elles, cet abandon s’apparente à une tentative de meurtre.
Les relations
sexuelles hors mariage sont passibles de peines de prison
Si le Qatar se montre scandalisé par le sort réservé à ce
nouveau-né, il pourrait avoir indirectement contribué à son abandon. Dans ce
pays, les relations sexuelles hors mariage sont passibles de peines de prison
allant jusqu’à sept ans. Agressions sexuelles et relations consenties sont
donc criminalisées de la même façon. Cette législation affecte tout
particulièrement les travailleuses immigrées, comme l’a dénoncé Amnesty International dans un rapport
de 2014 «toujours d’actualité», a précisé l’ONG.
Ce dramatique incident vient rappeler brutalement aux
Occidentaux la perception toute qatarie des droits de l’homme et de la femme.
Une notion que la monarchie n’applique pas à ses immigrés, qui représentent
environ 90% de sa population. La plupart d’entre eux survivent dans des conditions de vie misérables, entre retenues sur salaires, violences ou manque de protections sur
les chantiers, par exemple. Le Qatar tente de camoufler cette situation en se
présentant aux yeux du monde comme le pays de l’innovation et du foot. Voilà un
épisode qui va donner envie aux femmes de venir à Doha assister à la Coupe du
monde 2022.