Publié par CEMO Centre - Paris
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Au Qatar, le scandale des examens gynécologiques forcés de l'aéroport de Doha

jeudi 10/décembre/2020 - 11:14
La Reference
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Afin de retrouver un nouveau-né abandonné à l'aéroport de Doha, les autorités qataries ont forcé plusieurs passagères à se faire examiner pour savoir si elles venaient d'accoucher.

 

 Au Qatar, le scandale des examens gynécologiques forcés de l'aéroport de Doha

Un bébé prématuré abandonné dans une poubelle de toilettes. C’est l’hallucinante trouvaille du personnel de l’aéroport Hamad de Doha, le 2 octobre. Ils n’ont alors qu’une idée en tête : retrouver la mère du nouveau-né. Pour ce faire, ils ne s’embarrassent pas de considérations éthiques. Selon le site Channel Seven, les femmes de plusieurs vols en partance pour Sydney sont escortées hors de leurs avions. Elles vont ensuite subir des fouilles au corps et des examens gynécologiques forcés. Ils tentent d’identifier une femme qui a accouché récemment, sans succès. Depuis que cette histoire a été reprise par les médias australiens, qui se sont scandalisés – et avec eux les réseaux sociaux – les autorités qataries se sont résolues à retrouver la génitrice de l’enfant en lançant un appel à témoins.

Cette histoire a provoqué la stupeur des journaux australiens. Le Guardian Australie a contacté un passager du vol Doha-Sydney, Wolfgang Babeck, qui raconte avoir attendu pendant trois heures dans l’avion, avant que la compagnie aérienne demande à toutes les femmes de débarquer. Quand les passagères reviennent, elles sont très énervées et une est en pleurs. Wolfgang rapporte les témoignages de ces femmes, qui ont dû se dévêtir avant de subir un examen gynécologique d’une docteure, sans que cette dernière ne leur explique pourquoi.

«Des événements extrêmement perturbants, choquants et préoccupants»

Ces témoignages ont fait réagir la ministre des Affaires étrangères et des Droits des femmes australienne, Marise Payne. «Il s’agit d’événements extrêmement perturbants, choquants et préoccupants», a-t-elle affirmé lundi. Le lendemain, elle a indiqué en commission parlementaire que les passagères de dix avions avaient été victimes de ces examens forcés. Les premières informations obtenues par la ministre font état de dix-huit femmes concernées dont treize Australiennes. En France, le quai d’Orsay a fait savoir qu’une Française «a fait partie des personnes concernées par l’enquête du Qatar», mais qu’elle «n’a pas fait l’objet d’un tel examen forcé».

Contraint de réagir, le gouvernement du Qatar s’est fendu d’un communiqué mercredi, dans lequel il affirme regretter «la détresse ou la violation des libertés individuelles que cette action a pu causer à des voyageurs». Les autorités justifient leur acte en insistant sur le fait que les examens avaient été lancés pour «empêcher la fuite des auteurs d’un crime horrible». Selon elles, cet abandon s’apparente à une tentative de meurtre.

Les relations sexuelles hors mariage sont passibles de peines de prison

Si le Qatar se montre scandalisé par le sort réservé à ce nouveau-né, il pourrait avoir indirectement contribué à son abandon. Dans ce pays, les relations sexuelles hors mariage sont passibles de peines de prison allant jusqu’à sept ans. Agressions sexuelles et relations consenties sont donc criminalisées de la même façon. Cette législation affecte tout particulièrement les travailleuses immigrées, comme l’a dénoncé Amnesty International dans un rapport de 2014 «toujours d’actualité», a précisé l’ONG.

Ce dramatique incident vient rappeler brutalement aux Occidentaux la perception toute qatarie des droits de l’homme et de la femme. Une notion que la monarchie n’applique pas à ses immigrés, qui représentent environ 90% de sa population. La plupart d’entre eux survivent dans des conditions de vie misérables, entre retenues sur salaires, violences ou manque de protections sur les chantiers, par exemple. Le Qatar tente de camoufler cette situation en se présentant aux yeux du monde comme le pays de l’innovation et du foot. Voilà un épisode qui va donner envie aux femmes de venir à Doha assister à la Coupe du monde 2022.

 


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