Coupe du monde 2022. Au Qatar, le football comme outil pour conquérir le monde
Aujourd’hui, le monde connaît le Qatar. Pourtant, ce pays est tout petit à l’échelle du monde. À peine plus grand que l’Ile-de-France, cette nation du Moyen-Orient compte 2,4 millions d’habitants, dont seulement 10 % sont des ressortissants locaux. Cette fragile configuration démographique, ainsi que l’influence importante de son grand voisin, l’Arabie Saoudite, a poussé l’émirat à se révéler aux yeux du monde.
C’est à partir de 1995, sous la houlette de l’émir Hamad bin Khalifa Al Thani, que le Qatar se détache de la tutelle saoudienne pour pleinement exister sur la scène internationale. Bien aidé, il est vrai, par les revenus tirés de l’exploitation du pétrole et du gaz, mais également d’une stratégie de développement axée sur le sport.
Le Qatar entreprend alors des actions pour gagner en pouvoir dans la région. Comme en témoigne, en 1996, le lancement la chaîne d’information Al Jazeera , par le gouvernement qatari, dans le but de rompre le monopole saoudien dans les médias arabes. Et surtout installer un pouvoir d’influence qatari. Un pouvoir d’influence mieux connu sous le nom de « soft power ». C’est-à-dire « la capacité d’un État, ou d’un autre acteur, à élargir et utiliser son pouvoir d’attraction […] sans recourir à la force ».*
La construction d’un « soft power » sportif made in Qatar
Afin de consolider ce « soft power », pour à la fois séduire la scène internationale et préserver son intégrité territoriale face à ses puissants voisins, le Qatar mise très vite sur le sport et ses valeurs universelles. Problème : le Qatar est loin d’être une nation sportive dans les années 1990. Qu’importe, le pays du Golfe investit en masse pour devenir une place centrale du sport mondial. La première pierre à l’édifice de ce futur empire est l’organisation d’un tournoi de tennis mondial, dans la capitale Doha, en 1993. Il est très vite suivi par des participations dans des compétitions hippiques, de voile ou encore de golf.