Publié par CEMO Centre - Paris
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Le témoignage exceptionnel des photographes syriens sur les violences parisiennes

lundi 07/décembre/2020 - 11:21
La Reference
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Ces photojournalistes syriens, réfugiés politiques en France, se prénomment Ameer, Sameer, Zakaria ou Abdulmonam. Aucun d’entre eux n’a 30 ans et cela fait pourtant de longues années qu’ils s’exposent pour témoigner des crises de ce temps. Le matraquage au visage de l’un d’eux, le 28 novembre à la Bastille, lors de la « marche des libertés », a suscité une vive émotion. Deux enquêtes ont été ouvertes, en interne par la police parisienne, ainsi que par le parquet de Paris. Au-delà de cette nouvelle polémique sur les violences policières, le parcours de ces reporters d’exception mérite d’être rappelé.

EN PREMIÈRE LIGNE EN SYRIE, PUIS À PARIS

Ayant tous grandi dans la Syrie de Bachar Al-Assad, qui avait « hérité » de ce pays et de son peuple, déjà aux mains de son père, ils se sont engagés dans le soulèvement populaire de 2011 contre un régime aussi barbare. Mais leurs convictions pacifistes et leur foi en la liberté d’expression les ont amenés à devenir des « reporters-citoyens », en première ligne de la répression et des bombardements. La presse internationale, dont les correspondants ne pouvaient plus accéder au théâtre syrien, sous peine d’être tués ou kidnappés, a eu de plus en plus recours à ces collaborateurs locaux, progressivement formés à une approche plus professionnelle et moins militante. Leurs images-chocs, prises au plus près du drame, sont de plus en plus diffusées. Mais ils prennent des risques terribles : en 2015, Zakaria Abdelkafi perd ainsi son œil droit, touché par le tir d’un sniper pro-Assad à Alep ; l’année suivante, le père d’Ameer Al-Halbi meurt à ses côtés, à Alep, en tentant de secourir les victimes d’un pilonnage.

La chute des derniers bastions révolutionnaires d’Alep-Est, en 2016, puis de la banlieue damascène de Douma, en 2018, contraint ces reporters de guerre d’un nouveau genre à se réfugier en France, où ils obtiennent l’asile politique. Ils mettent leurs compétences acquises dans le chaudron syrien au service d’une couverture, là encore au plus près, des troubles sociaux à Paris, entre autres pour l’Agence France-Presse (AFP).  Zakaria Abdelkafi apprend ainsi à repérer les black blocs qui infiltrent les manifestations pour déclencher des incidents d’une rare violence. Le 1er mai 2017, sa photo de la torche humaine qu’est devenu un policier frappé par un cocktail Molotov fait le tour du monde et se retrouve en « une » du New York Times, du Washington Post et du Financial Times. Abdelkafi, que les black blocs ont maintes fois tenté d’intimider, se dit très « touché » de cette scène, car « [il] sai[t] ce qu’est une mauvaise police, celle qui tire sur les gens ; en France, elle est là pour les protéger ».


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