Conflit au Tigré : 45 000 personnes ont déjà fui l'Ethiopie pour se réfugier au Soudan
C'est un lieu lourdement chargé d'histoire. Le camp d'Oum Raquba a été construit au début des années 1980 pour secourir les habitants qui fuyaient alors la terrible famine en Ethiopie. Bien que fermé depuis 20 ans, les autorités soudanaises ont décidé de le rouvrir afin de répondre à l'afflux de migrants venus du Tigré voisin. En effet, depuis le début du mois de novembre et l'offensive des troupes éthiopiennes au Tigré, on estime qu'à ce jour près de 45 000 personnes ont passé la frontière pour se réfugier au Soudan.
Le premier village est à 10 km de là. De ce camp perdu à 80 km de la frontière éthiopienne, il ne restait à vrai dire plus grand chose. Une école sans toit et un dispensaire en bien triste état. En quelques jours, il a fallu y installer les équipements essentiels : l'eau, les sanitaires, l'électricité et des abris de fortune, rapporte Franceinfo.
Les ONG sont présentes. Le Croissant Rouge a monté une tente pour son dispensaire. L'Unicef a installé des réservoirs d'eau et le Programme alimentaire mondial fournit la nourriture, sorgho et lentilles. "Nous avons ouvert deux écoles de cinq classes chacune pouvant accueillir 50 élèves environ. Avec les rotations, chaque école reçoit quotidiennement 600 élèves de 7 à 17 ans", explique à l'AFP Will Carter, directeur pour le Soudan de Norwegian Refugee Council (NRC).
On attribue aux familles un petit terrain pour y monter une hutte, charge à elles de la construire avec les matériaux fournis. Les moins habiles obtiennent une tente auprès du HCR.
C'est le seul camp d'accueil érigé par les autorités. Les autres sites près de la frontière sont des centres de transit, pour inscrire et immatriculer les nouveaux arrivants qui sont ensuite dirigés vers Oum Raquba.
Or, ils sont déjà 10 000 réfugiés présents ici, et les autorités s'attendent à en accueillir encore autant. Plus de 2 000 huttes ont déjà été montées. "Mais pour combler le fossé entre la demande et les structures existantes, mon plan est de construire 3 000 huttes supplémentaires", assure à l'AFP M. Abdel Ghani, le responsable du camp. Aussi, sans états d'âme, on abat les acacias pour faire de la place. Le bois sert autant pour les constructions que pour la cuisine.
Selon le HCR, le nombre de réfugiés au Soudan pourrait s'élever à 100 000 personnes d'ici quelques mois. Le double dans le pire des cas. Et la vie dans le camp ne dit rien sur la situation de milliers d'autre Ethiopiens, livrés à eux-mêmes près de la frontière. Pour Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, le HCR et ses partenaires ont besoin de 150 millions de dollars pour venir en aide à toutes ces personnes.