Corée du Nord: Washington reconnaît l'impasse mais attaque Pékin
Les Etats-Unis ont vivement rejeté sur la Chine la responsabilité de l'impasse des négociations avec la Corée du Nord, et ont promis des sanctions qui semblent fermer la porte à une percée de dernière minute d'ici la fin du mandat de Donald Trump.
Le constat ressemble à s'y méprendre à un aveu d'échec: les Nord-Coréens ne se sont pas engagés dans des "négociations sérieuses et substantielles" et n'ont pris "aucune mesure concrète vers la dénucléarisation", a dit mardi l'émissaire adjoint de Washington pour la Corée du Nord, Alex Wong.
Il a aussi estimé que le défilé militaire nord-coréen du 10 octobre, avec son nouveau missile géant un temps minimisé par la diplomatie américaine, était bien la preuve que Pyongyang continuait "de faire de son programme de missiles balistiques une grande priorité", indique l’AFP.
Donald Trump, qui quittera le pouvoir en janvier après avoir échoué à obtenir un second mandat, a pourtant présenté le dialogue avec la Corée du Nord comme un succès diplomatique de sa présidence. Le milliardaire républicain a fait le choix spectaculaire, en 2018, de rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un lors d'un sommet historique à Singapour, suivi de deux autres rencontres.
Cette stratégie, qui a quelque peu sorti le pays reclus de son statut de paria sur la scène internationale, a fait tomber la tension qui était à son comble autour de la menace atomique nord-coréenne. Mais les pourparlers ont rapidement capoté, Pyongyang réclamant une levée des sanctions en amont tandis que Washington exige une dénucléarisation totale avant d'alléger la pression.
Le président américain a toutefois jusqu'ici préféré faire le dos rond face à cet enlisement, et a continué d'afficher son "amitié" avec Kim Jong Un plutôt que de durcir la pression.
- "Détricoter" les sanctions -
Combien de temps peut durer cette phase d'entre deux, ni dialogue ni escalade? L'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden risque de précipiter la fin d'une lune de miel déjà passablement gâchée.
Le président élu a qualifié pendant sa campagne Kim Jong Un de "voyou", tandis que Pyongyang a traité le démocrate de "chien enragé" qu'il conviendrait de "battre à mort".
Face aux résultats en demi-teinte de la stratégie trumpiste, l'émissaire Alex Wong a en tout cas désigné un responsable extérieur: la Chine, devenue plus que jamais l'adversaire planétaire numéro un des Etats-Unis.
"Malheureusement, je crois que nous avons vu ces deux dernières années que le gouvernement d'un pays en particulier, la Chine, a adopté des priorités au sujet de la péninsule coréenne qui sont de plus en plus à l'opposé des objectifs que nous partageons avec le reste du monde", a-t-il déclaré lors d'une conférence virtuelle organisée par le cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies.
Il a accusé les Chinois de "tenter de détricoter le régime de sanctions de l'ONU qu'ils ont eux-mêmes voté" contre les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang et de "raviver les liens commerciaux et les transferts de revenus vers le Nord".