Tests gynécologiques imposés à des voyageuses d'un aéroport au Qatar : les parents du bébé abandonné identifiés
Les parents du bébé prématuré retrouvé abandonné dans une poubelle de l'aéroport de Doha (Qatar), le 2 octobre, ont été identifiés, par des analyses ADN. C'est ce qu'a annoncé le Qatar ce lundi 23 novembre, informe l'AFP, notamment relayée par Le Parisien.
Voulant retrouver la mère, les autorités qataries avaient imposé un examen gynécologique à dix-huit passagères, dont treize Australiennes, et deux Britanniques, avait révélé le média australien Seven News.
Ces femmes, issues de dix avions différents, avaient été débarquées de leurs vols au départ du Qatar. Elles avaient ensuite été arrêtées et conduites dans des ambulances situées sur le tarmac, afin de subir des examens médicaux non-consentis.
La mère du bébé risque quinze ans de prison
"Les enquêtes ont révélé que la mère du nourrisson [...] a jeté le nouveau-né dans une poubelle des toilettes du terminal des départs de l'aéroport et a embarqué dans l'avion vers sa destination", révèle le procureur de Doha dans un communiqué, relaie l'AFP, mentionnée par Le Parisien ce 23 novembre.
La femme avait envoyé une photo du bébé au père "juste après la naissance", avant de le mettre dans une poubelle. Celui-ci a reconnu "avoir eu une relation avec la mère du nouveau-né", précise le magistrat.
Le magistrat déclare que les parents de la petite fille sont originaires de "pays asiatiques", probablement d'Asie du Sud, d'où viennent nombre de travailleurs pauvres au Qatar. Il a également assuré que les démarches avaient été prises pour "arrêter la fugitive".
Résidant à l'étranger, celle-ci risque quinze ans de prison. Le procureur l'a qualifiée de "condamnée", suggérant qu'elle a pu être déjà jugée en son absence, relève l'AFP. Interpol aurait été saisi par les autorités qataries pour arrêter la mère, avance l'AFP.
Des frottis réalisés sans consentement
"Le personnel de l'aéroport a forcé les femmes à subir des examens corporels, essentiellement des tests forcés de Papanicolaou [des frottis, ndr]", avait confié une source de l'enquête interne de la capitale à l'AFP, citée par RTL.
Wolfgang Babeck, un avocat australien, passager dans l'un des vols affectés, a expliqué à l'AFP que ces femmes victimes d'examens médicaux forcés étaient "en état de choc", "certaines en larmes et d'autres en colère, ne réalisant pas ce qui venait de leur arriver" à leur retour dans l'avion. Selon lui, ces viols pourraient constituer "une violation du droit international".
Les responsables poursuivis
Le 30 octobre, le gouvernement du Qatar avait indiqué, dans un communiqué, que les personnes responsables de ces examens gynécologiques seraient poursuivis : "Les responsables de ces violations et actions illégales ont été renvoyés devant le ministère public", cite l'AFP, reprise par Le Parisien.
Deux jours plus tôt, les autorités qataries avaient dit "regretter toute forme de détresse ou de violation des libertés individuelles de voyageur", cite le Guardian : "Même si le but de ces examens décidés dans l’urgence était d’empêcher la fuite des auteurs d’un crime horrible, l’État du Qatar regrette la détresse et la violation des libertés individuelles que cette action a pu causer à des voyageuses", avait relayé l'AFP, notamment reprise par Le Monde.
De son côté, le Premier ministre du Qatar, Khaled Ben Khalifa Al Thani, avait affirmé qu'une "enquête complète et transparente" allait être conduite, citait encore l'AFP.