Publié par CEMO Centre - Paris
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Glyphosate : la France cherche à sortir de son splendide isolement en Europe

vendredi 27/novembre/2020 - 06:38
La Reference
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Si la France n'a, pour l'instant, réussi à tenir que la moitié de son engagement de sortir du glyphosate, que dire des autres pays européens ! A ce jour, aucun d'eux, hormis le Luxembourg depuis cette année, n'a tiré une croix définitive sur l'utilisation de cet herbicide classé « potentiellement cancérigène » par l'Organisation mondiale pour la Santé (OMS).

L'Allemagne, qui prévoit de l'interdire totalement fin 2023, mais pour des usages précis (jardins, lisières d'exploitations agricoles), est à la traîne. Une poignée d'autres Etats, des Pays-Bas à la Finlande, en passant par la Belgique, le Portugal, la Slovénie et la République tchèque, ont commencé à mettre des limites, mais rien de significatif en ce qui concerne l'agriculture, sauf au Danemark. En Suède, où les Verts sont au pouvoir avec les sociaux-démocrates, absolument aucun engagement n'a été pris. Pas plus qu'en Espagne où le Parti socialiste gouverne avec Podemos.

Volte-face de l'Allemagne

« La France est la seule puissance agricole à avoir engagé une sortie du glyphosate », résume Pascal Canfin, président de la commission Environnement du Parlement européen. Un isolement dont elle a bien du mal à sortir. Fin 2017, Paris n'avait pourtant pas été très loin d'obtenir la majorité qualifiée contre le renouvellement de l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Sauf que Berlin lui a fait faux bond au dernier moment , ce qui a entraîné de facto le maintien en circulation du glyphosate pour une période de cinq ans.

Les majors des phytosanitaires, dont Bayer et Syngenta, obtiendront-ils la réautorisation du glyphosate qu'ils ont formellement demandée fin 2019 ? La France se tient en embuscade pour qu'il n'en soit pas ainsi le 15 décembre 2022, jour de l'échéance. « Il s'agit d'interdire le glyphosate pour tout le continent », insiste bien Pascal Canfin car il en va du maintien de « conditions de concurrence équitables entre les pays européens », rappelle-t-il.

L'Allemagne très attendue

Une première manche va se jouer à partir de juin prochain avec la remise à jour des évaluations réalisées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Celle-ci, à la différence de l'OMS, n'avait pas jugé le glyphosate potentiellement cancérigène. Il pourrait en être autrement dans les prochains mois. L'avis de l'EFSA, cette fois, va en effet s'appuyer sur les recommandations des Agences nationales de sécurité sanitaires de quatre pays, dont la France via l'Anses . Des recommandations qu'elles auront formulées après avoir évalué les informations fournies par les industriels de la chimie demandeurs d'un renouvellement du glyphosate.

A compter de la mi-2022, tout sera en place pour que soit prise une décision politique que Paris aura pris soin de préparer méticuleusement, compte tenu de la somme d'enjeux qu'elle représente. La France, qui aura pris la présidence de l'Union européenne le 1er janvier 2022, se trouvera en pleine campagne présidentielle. Le glyphosate ne manquera pas de s'inviter dans les débats.

Elections en Allemagne en 2021

Avec quelle chance de réussite pour Emmanuel Macron ? « Contrairement à 2017, je suis optimiste sur le fait d'avoir la majorité avec le soutien de l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne », déclare Pascal Canfin. Mais beaucoup dépendra de l'issue des élections qui vont se tenir en Allemagne en 2021. Celles-ci pourraient déboucher sur une coalition CDU-Die Grünen. Une alliance dont le Parlementaire européen voit mal comment elle pourrait réautoriser le glyphosate.

               


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