L'Iran se projette dans l'après-Trump mais Khamenei écarte des négociations
Le guide suprême
en Iran a repoussé mardi la perspective de nouvelles négociations avec les pays
occidentaux même si Téhéran se montre optimiste quant à un retour des
entreprises étrangères "en l'absence de Trump" et de ses sanctions.
Le
président américain Donald Trump a retiré en 2018 les Etats-Unis de l'accord
conclu trois ans plus tôt entre l'Iran et les cinq membres permanents du
conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne, destiné à encadrer les activités
nucléaires iraniennes en échange d'une levée de sanctions internationales.
L'Iran a réagi à ce retrait, et au rétablissement de
sanctions américaines, en s'affranchissant progressivement des contraintes
imposées à son programme nucléaire.
L'entourage de Joe Biden a déclaré que le président élu
des Etats-Unis entendait rétablir cet accord à condition que l'Iran le respecte
à nouveau également.
Diplomates et experts pensent cependant qu'un tel
processus prendra du temps, chaque camp étant susceptible de réclamer des
garanties supplémentaires. Les Etats-Unis souhaitent notamment un contrôle du
programme de missiles balistiques iranien et contenir les interventions de
Téhéran au Moyen-Orient, ce qu'exclut la République islamique.
Dans des propos rapportés mardi par la télévision
publique iranienne, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a exprimé son
scepticisme sur d'éventuelles nouvelles négociations avec les pays occidentaux.
"Nous avons essayé une fois d'obtenir la levée des
sanctions et avons négocié pendant plusieurs années mais cela ne nous a menés
nulle part", a-t-il dit.
"Ils s'immiscent dans les affaires régionales, ils
nous disent de ne pas intervenir. Et alors que la Grande-Bretagne et la France
possèdent des missiles nucléaires, ils nous disent de ne pas avoir de missiles.
En quoi cela vous regarde-t-il ? Vous devriez en premier lieu vous
corriger."
UNE LEVÉE DES SANCTIONS NE DEVRAIT PAS SUFFIRE
Ali Khamenei a longtemps critiqué l'idée de négocier avec
les pays occidentaux mais il avait tout de même donné son aval, indispensable,
à la conclusion de l'accord de 2015.
Le rétablissement de sanctions américaines a durement
frappé l'économie iranienne.
Le porte-parole du gouvernement iranien a néanmoins déclaré
mardi que des entreprises étrangères préparaient déjà leur retour dans le pays
avec la défaite de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine.
"Récemment, les contacts sur des ouvertures de
bureaux et la présence d'entreprises étrangères en Iran se sont
intensifiés", a dit Ali Rabiei au cours d'une conférence de presse
retransmise sur un site internet du gouvernement.
"Assurément, avec la (...) levée des sanctions
oppressives et l'absence de Trump, la présence d'entreprises étrangères et la
volonté d'investir en Iran vont augmenter."
Un diplomate européen a cependant déclaré qu'une
éventuelle levée des sanctions américaines par Joe Biden ne suffirait pas à
attirer des entreprises également préoccupées par un manque de transparence
dans le fonctionnement du système financier en Iran.
"Il n'y a tout simplement aucun avantage pour une
grande entreprise à s'aventurer sur un marché avec aussi peu de transparence
financière. Aucun responsable des procédures et du contrôle n'approuverait une
telle initiative", a dit ce diplomate.