La France tente de peser à nouveau dans le dossier du Haut-Karabakh
Après vingt-cinq ans de diplomatie sans résultats, le conflit du Haut-Karabakh s’est dégelé brutalement fin septembre. Puis, au terme de six semaines d’affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais, Erevan a dû capituler. Un accord de cessez-le-feu a été conclu le 9 novembre sous les auspices de la Russie. Les armes se sont tues, mais rien n’est réglé. Voilà donc les diplomates reprenant langue, en réhabilitant le même format – le groupe de Minsk – qui avait échoué dans le passé.
Tel est le paradoxe, faute d’alternative, auquel sont confrontés les acteurs impliqués, dont la France, coprésidente du groupe de Minsk avec les Etats-Unis et la Russie. Pendant que les combats se poursuivaient, elle avait été réduite à une position de spectatrice. Si le président français, Emmanuel Macron, a multiplié les contacts téléphoniques – une quinzaine selon l’Elysée, avec tous les acteurs du conflit, depuis le 27 septembre –, il a fallu attendre l’annonce du cessez-le-feu pour que Paris retrouve une marge de manœuvre.
Le 16 novembre, Emmanuel Macron s’est entretenu pendant une heure avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à l’initiative de ce dernier, après un autre entretien le 7 novembre. L’accord de cessez-le-feu tripartite, en neuf points, ne fait pas mention du groupe de Minsk. Mais Moscou aurait paré au plus pressé, au vu de l’avancée rapide de l’armée d’Azerbaïdjan, soutenue par les mercenaires syriens. « On ne pense pas que les Russes soient contents de voir arriver les Turcs dans le Caucase, estime une source diplomatique. Ils comprennent que la France et le groupe de Minsk peuvent aider à éviter ce tête-à-tête. »
Coups de force d’Ankara
Paris souligne que l’accord ne règle en rien la question du statut du Haut-Karabakh. Les 120 000 réfugiés arméniens qui ont fui les combats doivent aussi être autorisés à rentrer. Les combattants étrangers acheminés par la Turquie – près de 2 000 mercenaires syriens, estime-t-on côté français – doivent quitter la région au plus vite. En outre, des interrogations naissent au sujet de la souveraineté arménienne, en raison du couloir routier prévu entre l’Azerbaïdjan et la région autonome du Nakhitchevan. .