Allemagne: des comparaisons entre les «anti-masques» et les victimes du nazisme
Lors d'un rassemblement, une jeune manifestante avait
affirmé qu'elle se sentait «comme Sophie Scholl», étudiante allemande
exécutée par les nazis en 1943.
Le ministre allemand des Affaires
étrangères a stigmatisé dimanche les manifestants «anti-masques» qui se
comparent aux victimes du nazisme, les accusant de banaliser l'Holocauste et de
«se moquer» du courage dont ont fait preuve les résistants.
Lors d'un rassemblement
samedi à Hanovre d'opposants aux mesures restrictives imposées pour lutter
contre l'épidémie de coronavirus, une jeune manifestante avait affirmé qu'elle
se sentait «comme Sophie Scholl», étudiante allemande exécutée par les
nazis en 1943 pour son rôle dans la résistance.
Une vidéo de son
intervention a été vue plus d'un million de fois sur les réseaux sociaux, de
nombreux internautes se déclarant indignés par ses propos.
«Quiconque aujourd'hui
se compare à Sophie Scholl ou Anne Frank se moque du courage dont il a fallu
faire preuve pour tenir tête aux nazis», a déclaré Heiko Maas dans un
tweet. Une telle attitude «banalise l'Holocauste et révèle un oubli
inadmissible de l'histoire. Il n'y a aucun rapport entre les manifestations
(contre les restrictions anti) coronavirus et les combattants de la résistance.
Aucun !», s'est indigné le ministre.
Sur la vidéo, on peut
voir un membre du service d'ordre interrompant la manifestante juchée sur une
tribune, et dénonçant ses propos qui reviennent à «minimiser l'Holocauste».
«Je ne travaille pas pour la sécurité pour (entendre) de telles absurdités»,
s'exclame-t-il avant d'être escorté à l'écart. La jeune femme, qui s'est
présentée comme étant Jana, 22 ans, éclate alors en sanglots et laisse tomber
son micro avant de quitter l'estrade.
La semaine dernière, une
fillette de onze ans s'était adressée à des manifestants «anti-masques»
à Karlsruhe (Ouest), en se comparant à l'adolescente juive Anne Frank parce
qu'elle avait dû fêter son anniversaire au calme.
Anne Frank, dont le
journal rédigé pendant qu'elle vivait cachée aux Pays-Bas sous l'occupation
nazie, a été lu par des millions de personnes, a péri dans le camp de
concentration de Bergen-Belsen en 1945.
La comparaison avec Anne
Franck a suscité des réactions indignées. La police de Karlsruhe a estimé
qu'elle était «inappropriée et de mauvais goût». L'Allemagne a pendant
longtemps mis un point d'honneur à faire face à son passé nazi et à reconnaître
«sa responsabilité éternelle» dans l'extermination des juifs. Le parti
d'extrême droite AfD a au cours des dernières années contesté cette culture de
la mémoire historique, ses dirigeants appelant à cesser d'expier les crimes du
nazisme. Les mesures prises par le gouvernement pour endiguer l'épidémie ont
suscité d'importantes manifestations en Allemagne, rassemblant militants de la
gauche radicale, conspirationnistes et extrémistes de droite.
Plusieurs centaines de
personnes se sont rassemblées dimanche à Berlin pour une nouvelle manifestation
contre les restrictions anti-Covid. L'Allemagne a renforcé les restrictions
depuis début novembre pour tenter d'endiguer la deuxième vague de contaminations:
les restaurants, bars, lieux culturels et centres de loisirs ont été contraints
de fermer tandis que les commerces et établissements scolaires ont été
autorisés à rester ouverts.
Mercredi, la chancelière
Angela Merkel et les seize lands devront décider si des mesures encore plus
strictes doivent être adoptées d'ici Noël. Le ministre des Finances Olaf Scholz
a déclaré dimanche au quotidien Bild que les restrictions actuelles «devront
sans doute être prolongées pendant un certin temps».