La France annonce la mort d’un haut responsable djihadiste lié à Al-Qaida au Mali
La France a annoncé, vendredi
13 novembre, la « neutralisation » au Mali, par
la force « Barkhane », d’un cadre opérationnel djihadiste de tout
premier plan lié à Al-Qaida, dont le nom était associé ces dernières années à
de nombreuses attaques dans la région. La ministre des armées française,
Florence Parly, a salué dans un communiqué une opération qui a engagé « d’importants
moyens de renseignement ainsi qu’un dispositif d’interception composé
d’hélicoptères et de troupes au sol » conduisant à une frappe
contre Bah Ag Moussa, décrit comme le « chef militaire » du Groupe
de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM).
Quatre hélicoptères et plusieurs drones
ont été mobilisés et « une quinzaine de commandos » de
la force « Barkhane » ont été déposés au sol, a précisé le colonel
Frédéric Barbry, porte-parole de l’état-major des armées. L’opération « n’était
pas une action d’opportunité », elle « a mobilisé de
très importants moyens de renseignement et avait été préparée de longue date,
dans le but de viser des cadres du GSIM », a-t-il ajouté.
Un pick-up, avec cinq personnes à son
bord, a été repéré à une centaine de kilomètres de Ménaka, dans le nord-est du
Mali. Les militaires français ont, selon l’état-major, effectué des tirs de
sommation puis des tirs d’arrêt de la voiture, avant que ses occupants sortent
du véhicule et ripostent violemment. Tous ont été tués et traités « selon
le droit international humanitaire », assure l’état-major,
c’est-à-dire enterrés sur place. Cela contredit une vidéo qui circule depuis
plusieurs jours, non datée et non localisée, qui montre des Maliens autour de
plusieurs corps carbonisés dans le désert.
Cette intervention a été lancée alors que
vient de s’achever une opération d’envergure de la force « Barkhane »
et de ses alliés africains et européens contre les groupes liés à Al-Qaida et à
l’organisation Etat islamique (EI) dans la zone dite des « trois
frontières », au cours de laquelle des dizaines de djihadistes ont été
tués. L’émir historique d’AQMI, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, a lui
aussi été tué au cours d’une opération de l’armée française, en juin, dans le nord du Mali.
Déserteur de l’armée malienne
Bah Ag Moussa a déserté l’armée malienne
en 2012 pour rejoindre la rébellion et fonder avec Iyad Ag Ghali le groupe
djihadiste Ansar Eddine, devenu le GSIM à la faveur d’une fusion avec Al-Qaida
au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres groupes islamistes. « Il
faisait partie du premier cercle d’Iyad Ag Ghali », a souligné
l’état-major. Responsable de plusieurs attaques meurtrières contre les forces
armées maliennes depuis 2016, Bah Ag Moussa était depuis 2017 le
commandant des opérations du GSIM. En 2019, le comité des sanctions de
l’Organisation des Nations unies (ONU) l’avait placé dans la liste des
criminels liés à Al-Qaida. En mars 2019, ses hommes avaient lancé une attaque
d’envergure contre la caserne de Dioura, tuant plus de vingt soldats maliens.
A l’approche de l’anniversaire du sommet
de Pau, qui a validé en janvier un renforcement de l’opération
« Barkhane » (600 hommes supplémentaires) et une densification
de ses opérations, l’armée française accentue encore sa pression sur les
groupes armés. L’élimination de Bah Ag Moussa est « un succès
tactique, assure le colonel Barbry, mais nous ne pratiquons
pas de “chasse aux scalps”. Le chef d’état-major des armées, François
Lecointre, a déjà fait savoir que ce n’était pas un indicateur de performance
pertinent pour mesurer notre action au Sahel ». Paris souhaite passer
le relais autant que possible aux armées locales et envisage un repli de ses
forces.