La France est-elle le pire élève d’Europe face au Covid-19 ?
Pour établir un diagnostic aussi précis que possible,
nous avons comparé la situation de la France à celle des 27 pays de l’Union
européenne (plus la Suisse), à la date du 10 novembre, en prenant en
compte trois indicateurs :
- le nombre de cas déclarés
- le nombre de tests réalisés
- le nombre de morts enregistrés depuis le début l’épidémie
Les deux premiers indicateurs permettant surtout de
mesurer la vitesse de circulation du virus, le troisième, la solidité et la
qualité des systèmes de soins. Même si, en Europe, tous les pays n’ont pas
exactement la même manière de compter, la comparaison nous a néanmoins semblé
pertinente. Voici les éléments de réponse.
« J’avoue, oui, on se fait la
bise » : face au Covid-19, la vague de déni
Le
plus grand nombre de cas en Europe
Oui, la France est le pays qui compte le plus de cas
positifs déclarés dans l’Union Européenne. Au 10 novembre, nous en
recensions près de deux millions depuis l’apparition de l’épidémie
(1 829 659). Ce qui fait de la France le quatrième pays au monde le
plus touché par le coronavirus, après les Etats-Unis, l’Inde, et le Brésil,
juste devant la Russie. Sur le plan européen, l’Espagne, avec
1 443 997 cas est la deuxième nation la plus impactée, puis on trouve
le Royaume-Uni (1 233 775), l’Italie (995 463), l’Allemagne
(705 640), la Pologne (593 592) et la Belgique (503 182).
Castex annoncera-t-il de nouvelles restrictions au
confinement ?
Ce triste record français est surtout dû à la deuxième
vague de l’épidémie. En effet, depuis début octobre notre pays a connu une
flambée de cas inédite par son ampleur sur l’ensemble du continent, signe que
« l’opération déconfinement » a incontestablement raté. Puisque en
réalité, c’est même dès le mois d’août que l’épidémie a repris sur le
territoire, plus fort, et plus vite que n’importe où en Europe. Raison pour
laquelle il nous a fallu les premiers reconfinés.
La
France, championne des tests ?
Cet échec français doit cependant être nuancé. En effet
lorsqu’on rapporte le nombre de cas positifs déclarés au nombre d’habitant dans
chaque pays européen, les résultats sont un peu différents. La Belgique est
alors la plus touchée avec 43 348 cas par million d’habitants, devant la
Tchéquie, le Luxembourg, l’Espagne, puis la France qui avec 28 008 cas se
situe alors au 23e rang sur 28. Ce qui demeure un résultat
médiocre.
Le ministre de la santé, Olivier Véran, déclare à chacune
de ces interventions que « la France est un des pays qui teste le plus au
monde ». Est-ce exact ?
Aujourd’hui, oui. Avec environ deux millions de tests par semaine, nous nous
situons bien dans le peloton de tête. C’est très loin d’avoir été toujours le
cas. Lors de la première vague par manque de moyens, et en raison d’erreurs
stratégiques multiples, Paris a été à la traîne, et le retard est dur à
rattraper. Du coup, la France demeure un pays, qui, au total, depuis
l’apparition du coronavirus, a moyennement testé. Ainsi, au regard du nombre de
tests réalisés par million d’habitants, la France se situe au 37e rang mondial,
et au 13e rang
européen, loin derrière des nations comme le Luxembourg, le Danemark ou
l’Angleterre qui ont testé deux à trois fois plus qu’elle.
Une
mortalité qui pourrait être encore plus élevée
En matière de mortalité, la France, au 10 novembre,
est le troisième pays en Europe à compter le plus de décès sur son territoire,
derrière l’Angleterre, et l’Italie. 42 207 morts en France, contre
50 365 en Grande-Bretagne, et 42 953 en Italie. Des taux de mortalité
très supérieurs à ceux enregistrés en Allemagne (pays le plus peuplé d’Europe)
qui déplore « seulement » 11 897 morts. Rapporté au nombre de
décès par habitants, la France se situe juste un peu mieux (5e pays
ou la mortalité est la plus haute de l’Union européenne). Un niveau très proche
de celui de la Suède (6e) qui pourtant a une politique de contrôle de l’épidémie
beaucoup moins contraignante. Mais cela pourrait être bien pire. Compte tenu de
son nombre de cas positifs particulièrement élevé, la France pourrait avoir un
nombre de morts bien plus grand. S’il ne l’est pas davantage, c’est uniquement
en raison de la qualité d’un système hospitalier qui bien que vacillant
résiste.
Et si le virus du Covid-19 résistait malgré
tout aux vaccins ?
Face au Covid, la France présente donc aujourd’hui un
double visage. Moins performante que la plupart de ses voisins dans ses
tentatives d’endiguer la circulation du virus, elle parvient cependant à
soigner tous ses malades, et à en sauver beaucoup. Ce qui n’est pas le cas partout.
Pendant encore combien de temps ?