Hassan Al-Banna et Rifa'i Taha : Des idées rigorites que le soufisme n'a pas réussi à adoucir
Les Cheikhs soufis ne connaissent pas
l’inquiétude, non pas grâce à leur profonde spiritualité qui génère en eux la
sérénité – comme ils se dépeignent eux-mêmes mais du fait d’une garantie de
loyauté absolue qu’ils ont obtenue de la part de leurs disciples en vertu du
concept d’obéissance aveugle que ces derniers leur doivent.
Il y a très peu de disciples qui ont pu se défaire de l’obéissance
aveugle des Cheikhs et ont osé poser des questions ou même susciter une
quelconque forme d’opposition aux cheikhs.
Parmi ceux qui ont osé, il y avait un élève en classe de 1ère secondaire
qui, après avoir écouté un récit de son cheikh où ce dernier prétendait avoir
des capacités de création, s’en est offusqué et a qualifié le récit de
mensonger.
Cet incident remonte à un demi-siècle, et son acteur est Rifa'i Taha,
responsable du bras armé de la Djamaa Al-Islamiya, qui a été tué en Syrie en
avril 2016. Le magazine "Parole de vérité" - plateforme médiatique
sous l’égide de la Djamaa Al Islamiya et proche des mouvances rigoristes en
Egypte - publie pour la première fois des chapitres sur les mémoires de Rifa'i
Taha.
Intitulé “Mon histoire avec le soufisme” et accompagné des images de
l'auteur des mémos à un âge avancé, l’épisode 6 de la série de publication a
mis en exergue une phase de soufisme précoce de celui qui aura plus tard des
idées takfiristes. L’épisode montre qu’il était un des disciples d’une des
voies du soufisme, en l’occurrence Al-Ahmadiya Al Naqchabandiya» implantée à
Edfou dans le sud de l’Egypte et dont les cheikhs l’ont profondément influencé.
Le magazine en question a commencé à publier des informations militaires
destinées aux milieux fanatiques en exposant des écrits des Occidentaux ou des Arabes
expliquant la notion de "résistance armée" ou à publier des mémos de Rifa'i
Taha. Avril 2018.
Le premier épisode des mémos raconte qu’un jeune adepte de la Confrérie
des Frères musulmans du nom de Mohamad Ilham, a rencontré Rifa'i Taha en
Turquie, après la destitution des Frères musulmans en juillet 2013, et lui a
demandé de lui dicter lesdits mémos sous prétexte que les leaders du mouvement
islamique ne s’intéressent plus à la rédaction des expériences.
Dans le même épisode, Rifa'i Taha explique la raison pour laquelle il
porte ce prénom. Sa mère, dit-il, avait eu peur et s’était inquiétée pour lui
et a fini par lui attribuer le nom de la personnalité soufie de nationalité
irakienne : Ahmad Rifa'i.
AL-BANNA : DE LA DOCTRINE
"AL-HASSAFIYA" A LA CONFRERIE DES FRERES
Les enclins au soufisme ne se sont pas limités seulement à Rifa'i Taha
mais concernent également le fondateur de la Confrérie des Frères musulmans,
Hassan Al-Banna (1907-1949) qui a été un adepte de la doctrine soufie "Al
Hassafiya” (doctrine très peu répandue en Egypte). Dans son livre intitulé «Les
mémoires de la prédication islamique et du prédicateur», il raconte sa visite
des mausolées, sa participation aux cérémonies d’anniversaire du Prophète Mohamed
(El-Mawled El-Nabawy) et surtout les baisemains qu’il effectuait à son cheikh.
LE SOUFISME DE BANNA A DIVISE LES
FRERES
LE SOUFISME DE BANNA…PORTAIL DES FRERES
POUR L’ACCES AU SOUFISME
Il est toutefois avéré qu'Al-Banna s’est écarté du soufisme lorsqu’il a
entrepris la fondation de sa Confrérie, tout comme Rifa'i qui a également
critiqué de manière sarcastique le soufisme dans ses mémoires. Mais la question
qui reste posée est la suivante : Pourquoi leurs expériences avec le
soufisme ne les ont pas empêchés, plus tard, de prendre la voie du fanatisme
s’il est vrai, comme il est prétendu, que le soufisme est une élévation
spirituelle ayant des vertus inégalables dans l’adoucissement des caractères et
l’élimination de toutes idées fanatiques ?