Syrie : Bachar Al-Assad embourbé dans l’après-guerre
Bachar Al-Assad a certes gagné la guerre, mais il est impuissant à remporter la bataille de la paix et de la reconstruction du pays. La Syrie vit l'une des pires crises économique et sociale de son histoire.
Il faut faire la queue pour acheter du pain. Le prix de l'essence a été multiplié par deux ces derniers mois. L'approvisionnement en électricité connaît des hauts et des bas. Les médicaments sont hors de prix, quand ils ne sont pas introuvables. Et pour couronner le tout, la classe moyenne syrienne, ou ce qu'il en reste, est ruinée parce qu'elle avait placé ses économies en dollars dans les banques libanaises qui sont aujourd'hui en quasi faillite. Bref, résume un habitant de Damas joint par téléphone, la vie quotidienne est insupportable. Bachar Al-Assad prépare activement sa réélection au printemps prochain, mais il règne sur un pays qui se paupérise de jour en jour.
L'influence de la Russie
Le pouvoir syrien organise mercredi 11 novembre cette conférence sur le retour des réfugiés sous l'impulsion de la Russie. C'est Vladimir Poutine qui a soufflé l'idée de cette réunion à Bachar Al-Assad. D'ailleurs, la délégation russe annoncée est imposante avec plus de 150 personnes attendues à Damas. Moscou, principal soutien du régime syrien, a bien conscience, que la reconstruction est dans l'impasse et que cette situation qui se dégrade ne permet pas d'engranger les fruits de la victoire militaire.
Les Russes, et donc Bachar Al-Assad, font un appel du pied à la communauté internationale pour commencer à travailler sur le retour des réfugiés, dossier humanitaire crucial et sensible, en espérant ensuite l'impliquer dans la reconstruction du pays. Or, tant qu'une vraie transition politique n'est pas sur les rails, les Occidentaux ne veulent pas en entendre parler. Aucun membre de l'Union européenne ne participera à la conférence de Damas sur les réfugiés, car les conditions de sécurité et politique de leur retour ne sont pas encore réunies. "C'est prématuré", fait savoir Bruxelles.
Les 27 viennent d'ailleurs de placer sur leur liste noire huit ministres du nouveau gouvernement syrien, tandis que Washington a imposé de nouvelles sanctions sur des sociétés pétrolières liées au pouvoir à Damas. Autant dire que le dialogue de sourd continue sur la crise syrienne. Mais en attendant, c'est toute la population, réfugiée ou pas, qui en paie le prix !