La paix est-elle possible en Libye ?
Depuis septembre, les
discussions ont repris entre les forces rivales de l’Est et de l’Ouest libyen –
au Maroc, en Égypte, en Suisse, puis à Ghadamès en Libye –, et un accord de
cessez-le-feu a été conclu le 23 octobre. Désormais, c’est Tunis qui accueille
les pourparlers jusqu’au 15 novembre. Le Forum du dialogue politique
libyen, qui réunit 75 Libyens sous l’égide de l’émissaire par intérim de l’ONU,
Stephanie Williams, a pour mission de dégager un consensus sur une gouvernance
unifiée du pays.
« Les Libyens n’en peuvent plus de la guerre
civile. Ils veulent la paix. Beaucoup de tentatives ont échoué par le passé. Et
il est clair que certaines forces n’ont pas intérêt à la résolution du conflit
et cherchent à la compromettre par des actes isolés, telles les tentatives
d’entrave à la production de pétrole ou les arrestations à Tripoli ces derniers
jours de Libyens venus de l’Est.
Il y a aussi de la contestation sur le choix
des 75 représentants de la diversité libyenne, réunis à Tunis par l’émissaire
de l’ONU, Stephanie Williams. Toutefois, le fait que ces personnes renoncent à
toute fonction dirigeante par la suite adoucit les tensions. Et il y a, malgré
tout, bon espoir de croire en la dynamique qui s’installe. Est même envisagée
la poursuite des pourparlers la semaine prochaine, si des progrès sont
engrangés au fil de la semaine.
En Libye,
l’arrestation d’un trafiquant de migrants n’arrêtera pas la traite des êtres
humains
Le vrai test aura lieu dans trois mois, date
à laquelle les mercenaires étrangers devraient avoir quitté le pays. Si cela
n’a pas été possible dans le passé, c’est en raison de la profonde division du
pays coupé en deux avec deux gouvernements, deux parlements, deux banques
centrales. Or, c’est précisément l’objet des pourparlers de Tunis que de
proclamer le consensus pour réunifier les institutions politiques – à commencer
par le conseil présidentiel et le gouvernement – et pour établir une feuille de
route pour des élections en 2022. La question de l’unification de l’armée a,
elle, été étudiée dans les précédentes rencontres. Les militaires sont hors jeu
à Tunis, y compris le maréchal Haftar (L’ex-homme fort de l’Est qui a fait la
guerre à Tripoli d’avril 2019 à juin 2020, NDLR).
Trois documents sont sur la table des
discussions à Tunis. Ils concernent les objectifs prioritaires pour le pays –
le désarmement des milices, la lutte contre la corruption, le développement
économique, etc. –, l’unification des institutions et les modalités d’accès à
ces institutions. Des pistes de conciliation sont esquissées pour favoriser le
resserrement des liens entre Est et Ouest. Le conseil supérieur des tribus
propose que Aguila Saleh, l’actuel président du parlement de Tobrouk à l’Est,
succède à Fayez Al Sarraj à la tête du conseil présidentiel. Le poste de chef
de gouvernement reviendrait alors à une personnalité de l’Ouest ayant de bonnes
relations avec l’Est. Plusieurs noms circulent.
Pour sortir de l’opposition entre les villes
de Tripoli et de Benghazi, Syrte, qui se situe à mi-chemin, deviendrait la
capitale politique abritant le conseil présidentiel et le gouvernement, de
manière provisoire, jusqu’aux futures élections, ou définitive. La localisation
d’autres institutions, comme la Banque centrale ou la compagnie nationale du
pétrole, est aussi en discussion. Ces pistes concrètes permettent d’être
raisonnablement optimiste sur l’évolution des pourparlers. »