Le président tchétchène alimente la haine de la France
« Le président français
devient désormais un terroriste. Soutenant les provocations, il appelle secrètement
les Musulmans à commettre des crimes. Vous forcez les gens au terrorisme,
poussez les gens vers lui, vous ne leur laissez pas le choix et vous créez les
conditions pour nourrir les idées extrémistes dans l’esprit des jeunes ». C’est Ramzan Kadyrov, le président de la république
russe de Tchétchénie, qui stigmatise en ces termes Emmanuel Macron, le 27
octobre, en réaction à l’hommage national à Samuel Paty. Une telle diatribe
s’inscrit dans le cadre d’une campagne anti-française qui a atteint récemment
des sommets de virulence.
L’HOMME DE POUTINE EN TCHETCHENIE
Kadyrov doit tout à Vladimir Poutine qui
avait déjà placé en 2003 son père, le mufti Akhmat Kadyrov, un indépendantiste
repenti, à la tête de la république russe de Tchétchénie. La mort, en 2004, de
cet allié de Moscou, dans un attentat de la guérilla tchétchène, fait du jeune
Ramzan Kadyrov son successeur désigné par le Kremlin. Elu à 30 ans en 2007
président par un parlement à sa botte, il impose depuis au million et demi de
Tchétchènes la terreur de ses kadyrovski, les commandos de sa police
politique, dont il
épouse volontiers le look martial. La mise en coupe réglée de sa république lui
permet de mener grand train et de régaler la jet-set internationale à Grozny
(en 2012, il y offre ainsi à Gérard Depardieu un luxueux
appartement). La répression
de toute critique de Poutine s’accompagne d’une rigoureuse campagne « d’ordre
moral », avec légitimation des traditions
patriarcales (notamment
les « crimes
d’honneur » contre les femmes) et persécution des homosexuels.
Cet alliage d’absolutisme et
d’obscurantisme conduit Kadyrov à s’acharner sur « Charlie-Hebdo ».
L’attentat du 7 janvier 2015, où 12 personnes sont tuées au siège parisien de
l’hebdomadaire, loin d’apaiser la hargne du leader tchétchène, le pousse à une
nouvelle escalade. Douze jours plus tard, une marée humaine envahit le
centre-ville de Grozny pour protester contre la poursuite de la
publication de « Charlie Hebdo » et de ses caricatures par les survivants de la
rédaction. Les kadyrovski ont multiplié les
pressions sur la population pour que la manifestation soit la plus fournie. Kadyrov fustige devant la
foule « ceux qui insultent la religion
musulmane », avant de lancer cette terrible
allégation complotiste: « L’incident pourrait avoir été
organisé par les autorités et les services secrets des pays occidentaux
souhaitant provoquer une nouvelle vague d’embrigadement pour l’Etat
islamique ». Une telle veine conspirationniste continue
d’inspirer Kadyrov quand, le 27 octobre 2020, il qualifie Macron de « chef
de file du terrorisme ».