Publié par CEMO Centre - Paris
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Les Frères musulmans et la réalisation d’un rêve persan vieux de 273 ans

samedi 06/octobre/2018 - 06:23
La Reference
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Cynthia Farahat

 

N’importe quelle personne saine d’esprit souhaite une coexistence pacifique entre les sunnites et les chiites, et entre tous les groupes et doctrines religieuses. Car le sectarisme est un poison mortel pour toute nation qui aspire à la stabilité sécuritaire et économique. Et de fait, les sunnites et les chiites entretenaient une relation pacifique et privilégiée exempte de fanatisme et d’excommunication, et fondée sur le respect mutuel et l’harmonie, durant la première moitié du vingtième siècle. Et l’une des manifestations de cette relation privilégiée fut le mariage de la princesse Fawziyya Fouad – sunnite – avec le Chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi – chiite – en 1939. Elle devint ainsi la reine d’Iran et fut acclamée par les peuples égyptien et iranien, lors de festivités historiques retransmises par tous les médias du monde, et cela jusqu’à leur divorce en 1948.  

Ce n’est là qu’un exemple du caractère privilégié de la relation entre les peuples sunnites et chiites, qui a été exploité par une minorité de terroristes auteurs du projet révolutionnaire de réveil islamique. Cette minorité rejetée était représentée en Egypte par l’organisation des Frères musulmans, et en Iran par l’organisation des Fedayin de l’islam dirigée par Navvab Safavi. Les deux parties se sont ainsi alliées dans le cadre du projet dit de « rapprochement entre les doctrines », un nom trompeur, car les sunnites et les chiites étaient de fait proches les uns des autres lorsque ce projet fut lancé. En effet, le rapprochement visé ici était une alliance militaire contre leurs peuples qu’ils considéraient comme mécréants, pour les réprimer et les dominer au nom de la religion. Car il s’agissait d’une alliance terroriste dont le but était de détruire totalement leurs pays, pour les remodeler selon leur conception erronée, que l’on voit aujourd’hui dans le modèle afghan et soudanais, ces deux pays détruits totalement par les Frères et gouvernés selon leur méthode. Et grâce à Dieu, le projet frériste de destruction de l’Egypte a échoué, mais le projet terroriste du réveil islamique en Iran a réussi en 1979, et a été la cause de la répression d’un peuple aussi vénérable que le peuple persan, ainsi que de vagues d’athéisme dans le pays, décrites par l’écrivain irano-allemand Ali Sadrzadeh comme un « tsunami athée ». C’est ce qu’a proposé aux Iraniens, le projet terroriste de réveil et de rapprochement en les faisant sortir de leurs foyers et de leur religion.

Pour comprendre la profondeur de la relation entre les Frères musulmans et les groupes terroristes iraniens, il faut revenir en 1734, année où le Chah d’Iran Nader Chah Afshar – surnommé le « Napoléon iranien » - organisa le premier congrès officiel pour le rapprochement.

Après que Nader Chah eut échoué trois fois à occuper les villes irakiennes, en 1733, 1734 et 1743, il s’orienta vers une solution doctrinale et organisa le Congrès de Najaf, où il suggéra ces points résumés par l’historien Yahya Armajani dans son livre « Iran » :

1.     Que les Perses cessent d’insulter les califes bien guidés et de se flageller dans les célébrations d’Achoura, et qu’ils acceptent les rites religieux sunnites et prennent l’imam Jaafar ad-Sadiq comme le symbole de leur confession, tandis que les sunnites accepteront le jaafarisme comme cinquième doctrine après les quatre doctrines sunnites.

2.     Que les Perses soient autorisés à accomplir les rites du pèlerinage selon la doctrine jaafarite. 

3.     Qu’ils soient autorisés à être accompagnés par un représentant de l’Etat persan dans les rites du pèlerinage.

4.     Que les Ottomans et les Persans échangent leurs prisonniers de guerre.

5.     Qu’ils échangent les ambassadeurs.

 

Si les demandes de Nader Chah ne se sont pas alors réalisées et que le Congrès de Najaf a échoué, le groupe des Frères musulmans les a réalisées avec Taqiy ad-Din al-Qomi. Selon le livre de Tharwat al-Kharabawi, « les imams du mal », Taqiy ad-Din al-Qomi a décidé de rencontrer Hassan al-Banna dès son arrivée en Egypte en 1937. Et selon la revue iranienne Ijtihad, il a également rencontré le cheikh d’al-Azhar Moustapha al-Maraghi, qui avait soutenu l’appel, et lui donna l’occasion d’entrer en contact avec des oulémas comme le cheikh Abdel Majid Salim, le cheikh Moustapha Abdel Razek et d’autres, qui furent à l’origine de la formation du noyau de l’appel au rapprochement et de la Maison du Rapprochement par la suite. Après le début de la seconde guerre mondiale, Taqiy ad-Din retourna en Iran pendant une courte période, avant de revenir en Egypte à la fin de la guerre, où il fonda la Maison du rapprochement entre les doctrines islamiques au Caire en février 1947. Selon la revue Ijtihad, ses membres fondateurs étaient : le cheikh Abdel Majid Salim, le cheikh Moustapha Abdel Razek, le cheikh Mahmoud Chaltout, le cheikh Abdel Aziz Issa, le cheikh Mohammad al-Hussein Al Kachef al-Ghata, As-Sayyed Abdel Hussein Charaf ad-Din al-Moussawi, Mohammad Ali Alawiya Bacha, et Hassan al-Banna, et Taqiy ad-Din al-Qami était son secrétaire général et son premier fondateur. Se joignirent à eux par la suite le cheikh Ahmad Hassan al-Baquri, le cheikh Mohammad al-Ghazali, et le cheikh Mohammad Metwalli ach-Chaarawi.

Seuls les courants extrémistes avaient un intérêt politique dans la Maison du Rapprochement, car lorsqu’elle fut fondée, les relations entre l’Egypte et l’Iran étaient fortes, du fait que la reine d’Iran était une sunnite de la famille royale d’Egypte. Mais il y avait d’autres buts qui n’avaient pas été réalisés parmi les rêves de Nader Chah. Dès que la Maison du Rapprochement fut fondée, Hassan al-Banna se mit à œuvrer pour réaliser l’un d’eux. Et en 1948, il décida de résoudre un problème qui était survenu entre les sunnites et les chiites en 1944. Les relations étaient jusqu’alors bonnes entre l’Arabie saoudite et l’Iran, mais cette année, le gouvernement saoudien exécuta un Iranien du nom de Sayyed Abou Taleb Yazdi après l’avoir accusé de profaner les lieux saints. Les Iraniens affirmèrent que Yazdi avait eu un problème de santé et avait craché durant les rites du pèlerinage, tandis que la version saoudienne affirma qu’il était soûl durant le pèlerinage. Quoi qu’il en soit, l’affaire provoqua une tension dans les relations saoudo-iraniennes.

Après la fondation de la Maison du Rapprochement, Hassan al-Banna suggéra une solution qui avait été proposée 200 ans plus tôt par Nader Chah. Ainsi, selon le livre de Tharwat al-Kharabawi « les imams du mal », et une recherche de Hadi Khasrochahi, ex-conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères, sous le titre « un examen de l’héritage idéologique et social du cheikh Hassan al-Banna » : « La Maison du Rapprochement a publié un livret sur les rites du pèlerinage, s’appuyant sur les quatre doctrines sunnites et la doctrine chiite imamite, pour qu’apparaisse clairement l’accord entre les doctrines islamiques sur les questions du pèlerinage également. Mais malheureusement, les responsables du pèlerinage ont interdit le transport de ces livrets au Hedjaz et lorsqu’on parla de cette affaire au cheikh Hassan al-Banna, qui faisait partie des fondateurs de la Maison du rapprochement, il suggéra une solution remarquable qui était d’ordonner la publication de toutes les questions du pèlerinage selon les avis des jurisconsultes des doctrines islamiques dans les journaux et de les envoyer par le biais des pèlerins égyptiens au Hedjaz, où ils furent distribués aux pèlerins parlant au nom des Frères musulmans, et cela eut un impact énorme sur l’unité entre les musulmans ».

Et cela fut effectivement une solution remarquable, car al-Banna se chargea ainsi de réaliser le vieux rêve persan d’ajouter la doctrine jaafarite aux quatre doctrines sunnites, et c’est ce que fit en 1960 le cheikh Mahmoud Chaltout, lorsqu’il publia une fatwa officielle reconnaissant la doctrine jaafarite comme cinquième doctrine.

Comme nous l’avons dit, la coexistence pacifique entre sunnites et chiites est un bienfait pour l’Egypte et le Moyen-Orient, car l’Occident n’a pas progressé avant d’avoir rejeté le sectarisme hideux, et les guerres et le sectarisme sont un cancer qui tue et divise tous les peuples, qui appauvrit et détruit les pays, et la discrimination sectaire amène la destruction pour tous. Mais le projet de rapprochement entre les Frères et l’Iran est un projet guerrier et terroriste, car les Frères veulent monopoliser la relation avec leurs semblables parmi les terroristes chiites, tout en déclarant mécréants les chiites et la majorité des sunnites, selon la logique « diviser pour régner ». Oui à la fraternité et à l’amitié entre sunnites et chiites, protestants, orthodoxes et catholiques, et non, mille fois non, au projet de rapprochement frériste terroriste impérialiste avec le premier gouvernement qui parraine le terrorisme dans le monde à Téhéran.

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