« Trump contre Biden », archéologie d’une confrontation, sur Arte
A l’approche de l’élection présidentielle
aux Etats-Unis, les documentaires se multiplient qui concernent celle-ci et les
deux candidats au poste suprême, Donald Trump et Joseph (« Joe »)
Biden. Arte a choisi de diffuser celui que proposait, le 22 septembre, la
chaîne publique nord-américaine PBS dans le cadre son émission d’investigation
politique « Frontline ».
L’excellent travail signé par Michael Kirk
et Mike Wiser arpente certaines des pistes suivies par la remarquable série
documentaire de Netflix, Donald
Trump : un rêve américain, sur les années de jeunesse et l’ascension controversée
de l’actuel président. Il interroge certains mêmes témoins et inclut des images
d’archives télévisées qui ne sont pas toutes inconnues. Mais Trump
contre Biden. Quel président pour l’Amérique ? va plus loin :
dans le portrait de Trump mais aussi dans celui du candidat démocrate.
Certes, en dépit de quelques circonstances
atténuantes exprimées par les auteurs (un père brutal, raciste et sans états
d’âme, une mère distante, une éducation dans une école militaire où, déjà, le
jeune Donald fait régner sa loi parmi ses pairs en se fichant d’être aimé d’eux
ou pas), le premier tiers du film pourrait laisser penser à un portrait à
charge de l’actuel Président des Etats-Unis.
« Ne jamais s’excuser »
Mais le documentaire n’épargne pas non plus
Joe Biden : s’il revient sur la vie et la carrière de l’ancien
vice-président (son empathie naturelle, son combat contre le bégaiement, la
perte tragique de sa première épouse et d’un de ses trois enfants dans un
terrible accident de la route, ses relations avec la communauté
afro-américaine, etc.), il montre qu’il n’est pas non plus totalement étranger
à la tromperie et au mensonge.
Mais, est-il rappelé, Biden présente chaque
fois ses excuses et admet ses erreurs – au contraire de Trump qui s’y refuse
toujours, suivant obstinément le précepte hérité de son mentor, le redoutable
avocat Roy Cohn : « Ne jamais s’excuser, toujours
attaquer. » Quitte à répéter le processus et à ne jamais parvenir
vraiment à incarner de très fortes convictions – jusqu’à devenir le candidat
respectable qu’on sait mais dont la relative transparence semble l’avoir placé
par défaut là où il se trouve aujourd’hui.