Publié par CEMO Centre - Paris
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En Turquie, l’aura perdue de Recep Tayyip Erdogan

mardi 27/octobre/2020 - 03:49
La Reference
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Accroupi, la tête ceinte d’un chapeau de prière, le président turc Recep Tayyip Erdogan récite des versets du Coran dans la nef de Sainte-Sophie, la basilique byzantine d’Istanbul, passée, à sa demande, du statut de musée à celui de mosquée.

Ce vendredi 24 juillet, le service est ensuite mené par Ali Erbas, le chef de la direction aux affaires religieuses (Diyanet). Celui-ci prêche sabre en main pour illustrer « le droit de l’épée » hérité de Mehmet II, le sultan ottoman qui prit la ville et la « Grande Eglise » aux Byzantins, en 1453. « Nous avons un nouveau message à transmettre au monde », avait averti le président quelques jours plus tôt.

Cette posture de défenseur de l’islam sunnite est celle qu’il affectionne le plus. Ce vendredi d’été, sa jubilation n’a pas de limites. Ne vient-il pas de réaliser son « plus grand rêve » de jeunesse, ramener son pays à ses racines islamiques ?

A l’extérieur de Sainte-Sophie, des centaines de milliers de fidèles, venus de toutes les régions de ce pays de plus de 83 millions d’habitants, laissent éclater leur joie, exhibant des affiches sur lesquelles le président trône aux côtés du « Conquérant » Mehmet II. La prochaine étape, promet-il, sera « la libération de la mosquée Al-Aqsa » à Jérusalem.

Contre-révolution politique et culturelle

Cela fait dix-sept ans que sa haute silhouette – 1,85 m sous la toise – écrase la vie politique nationale. Il a mis le pouvoir judiciaire à sa botte, décimé l’armée, déclaré la guerre à la société civile. Son but : imposer sa contre-révolution, politique et culturelle. Pour y parvenir, il a inondé de signes et de préceptes religieux l’espace public, les établissements d’enseignement, les institutions d’Etat, où les confréries islamiques ont désormais pignon sur rue.

Bien décidé à rejeter l’héritage de Mustafa Kemal (1881-1938), dit « Atatürk », fondateur de la Turquie moderne, Recep Tayyip Erdogan veut en finir avec l’orientation pro-occidentale voulue par ce dernier dans les années 1920-1930. Les militants de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) critiquent à l’envi « la colonisation volontaire » du pays. Selon eux, la véritable identité turque a été trahie à l’époque de la fondation de la République, en 1923, au profit d’une assimilation de façade qui a fait du pays un vassal de l’Occident. « Fermer la parenthèse du kémalisme », tel est leur objectif.


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