Financement libyen : « Où sont les preuves ? », a demandé Nicolas Sarkozy aux juges d’instruction
Quatre
longues journées d’audition devant les juges d’instruction n’auront pas suffi
à l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, pour les
convaincre que la Libye de Mouammar Khadafi n’a pas financé sa campagne
présidentielle de 2007.
A
l’issue de ce face-à-face tendu, les magistrats instructeurs l’informaient, le
12 octobre en fin de journée, qu’il était mis en examen pour « association
de malfaiteurs », plus de deux ans et demi après avoir été mis en
examen dans ce même dossier pour « corruption passive »,
« recel de détournement de fonds publics » et « financement
illégal de campagne ».
Au
cours de son audition, révélée par Le Parisien et dont Le
Monde a pris connaissance, Nicolas Sarkozy s’est démené pour tenter de
démonter point par point les éléments mis au jour au cours de l’enquête,
démarrée il y a plus de sept ans.
Il
a une fois encore insisté sur le fait que, malgré les nombreuses promesses de
ses contempteurs libyens, aucun document n’était venu à ce jour établir un lien
direct entre l’argent de Tripoli et sa campagne présidentielle. « La
guerre en Libye dure sept mois (…). Pourquoi, durant cette
période, cette bande ne sort pas les papiers sur moi ? (…) Voilà
des gens qui ont intérêt à me détruire, a déclaré l’ancien président. Vous
me demandez de me justifier, de prouver mon innocence. Comment puis-je prouver
quelque chose que je n’ai pas fait ? »
Takieddine, « un fou », un
« voleur » et un « menteur »
Il
a redit le peu de crédit qu’il conviendrait d’accorder à ses accusateurs, au
premier rang desquels figure l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine.
Ce
dernier a assuré avoir remis des valises de billets à Claude Guéant – directeur
de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, puis directeur de sa
campagne présidentielle, avant de devenir son tout-puissant secrétaire général
à l’Elysée –, à deux reprises, puis à Nicolas Sarkozy en personne entre la
fin de l’année 2006 et le début de l’année 2007, pour un total de 5 millions
d’euros. Des propos qui lui valent aujourd’hui d’être mis en examen pour « complicité
de corruption et de trafic d’influence commis par des personnes exerçant une
fonction publique » et « complicité de détournement
de fonds publics libyens ». « Un fou », un « voleur » et
un « menteur », selon Nicolas Sarkozy.
Selon
lui, Ziad Takieddine faisait croire à ses amphitryons que l’argent libyen qu’il
empochait était destiné au financement de sa campagne dans le seul but de les
tromper et de garder les millions pour lui. « Il dit qu’il me
connaît, il prend l’argent et dit que c’est pour moi », a résumé
Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’Etat a par ailleurs apporté aux magistrats
un article de presse, « une preuve irréfutable »,
indiquant qu’il était en déplacement en province le jour où Ziad Takieddine
assure qu’il lui a remis de l’argent à Paris. « Par moments, j’ai
l’impression qu’il faille que je fasse quatre saltos arrière pour démontrer la
vérité », a-t-il dit dans une métaphore gymnique.