Un nouvel acte d’accusation turc prolonge la torture de la famille de Kavala
Hussam al Haddad
Après avoir été acquitté il y a quelques mois de l’accusation de tentative de renversement du gouvernement par des protestations populaires, l’activiste turc Osman Kavala risque la prison à vie pour sa participation présumée à la tentative de putsch manquée. Alors que Kavala a déjà passé près de trois ans en prison sans condamnation, un tribunal d’Istanbul a accepté un acte d’accusation demandant la prison à vie sans possibilité de libération conditionnée.
L’acte d’accusation accuse Kavala d’entretenir des relations avec des responsables de pays étrangers et des ONG « en prétendant élargir ce qu’il appelle les libertés démocratiques alors que son but réel est d’affaiblir le gouvernement démocratique légitime ».
Amnesty International a qualifié l’acte d’accusation de « stupide ».
Notons que durant sa période d’incarcération, Kavala a été accusé par Erdogan de « financement des terroristes dans les incidents de Gezi et d’avoir obtenu un soutien du juif hongrois Soros », en allusion au milliardaire américain George Soros.
De son côté, le professeur assistant à l’Université de Saint Lawrence Howard Issenstadt a déclaré au Monitor : « Peut-être Erdogan croit-il vraiment que des forces étrangères sont à l’origine des protestations de Gezi ».
Il a ajouté que les procès politiques en Turquie ne reposaient pas en général sur des actes d’accusation clairs et convaincants. « Il faut s’attendre à ce que les tribunaux se soumettent à la pression politique, et ils n’ont pas besoin de condamnation pour laisser les gens en prison ».
Quant à son avocat Tolgha Aytour, il a qualifié la mission de défense de Kavala contre les accusations sans preuve de « particulièrement difficile ». Il a ajouté que son client était toujours en détention selon le système de l’isolement cellulaire et jouissait d’une bonne santé.
