Publié par CEMO Centre - Paris
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Anwar Gargash : « Face à Israël, la politique de la chaise vide n'a pas fonctionné »

mardi 13/octobre/2020 - 01:13
La Reference
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L'accord est historique. Contre toute attente, Donald Trump a annoncé le 13 août dernier l'établissement de relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis et Israël, deux pays alliés des États-Unis au Moyen-Orient. Si le président américain n'a pas réussi à mettre en œuvre son « plan de paix » controversé entre Israéliens et Palestiniens, il permet à l'État hébreu de se voir reconnaître par un troisième pays arabe, après l'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.

Cette percée diplomatique est d'autant plus spectaculaire qu'elle vient torpiller le consensus arabe adopté en 2002, selon lequel Israël ne serait reconnu qu'en échange du retrait israélien des colonies illégalement occupées en Cisjordanie depuis la guerre des Six Jours en 1967. Mais face à l'interventionnisme croissant de la République islamique d'Iran dans la région, l'État hébreu et les pays du Golfe se sont trouvé un ennemi commun et multiplient depuis dix ans de discrets rapprochements sur les plans sécuritaire et stratégique, reléguant au second plan la question palestinienne.

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Ainsi, ce n'est pas une surprise si Donald Trump a annoncé vendredi un nouvel accord israélo-arabe : la reconnaissance de l'État hébreu par le royaume de Bahreïn. Les accords de paix doivent être officiellement signés ce mardi à la Maison-Blanche. À l'occasion de ce jour d'Histoire, Anwar Gargash, ministre d'État aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis, a donné une interview par visioconférence au Point, au Figaro, aux Échos et à Radio France. Il y explique sans détour les raisons qui ont poussé Abou Dhabi à normaliser ses liens avec Tel-Aviv.

Le Point : La conclusion d'un accord de paix entre Israël et les Émirats a surpris tout le monde. Pourquoi maintenant ?

Anwar Gargash : Cette décision est liée à la suspension par Israël de son annexion de parties de la Cisjordanie. Nous avons considéré cette intention de la coalition au pouvoir en Israël comme une menace majeure à la solution à deux États dans le conflit israélo-arabe. Nous avons donc entrepris des discussions au cours des trois derniers mois, principalement par le biais des États-Unis, visant à normaliser nos relations avec Israël et à suspendre cette annexion.

Mais le Premier ministre Netanyahou n'a-t-il pas précisé que cette suspension n'était que temporaire ?

Je fais la différence entre les engagements d'un État et les annonces politiques. Le gouvernement en Israël a déclaré qu'il n'allait pas annexer, et Benyamin Netanyahou n'en parle plus. La question de l'annexion n'est plus sur la table dans un futur proche, tout comme la menace de la fin de la solution à deux États. Il existe maintenant de l'espace et du temps pour des négociations menant à une solution à deux États, pour laquelle ce n'est pas à nous de décider mais aux deux parties. D'ailleurs, beaucoup de capitales européennes nous ont appelés pour nous faire part de leur satisfaction.


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